A family history blog in French and English

Sanford-Springvale, Maine, Railroad Station, early 1900s. Collections of the Sanford-Springvale Historical Society.

Friday, November 1, 2019

Les Notes de Voyage en Europe d'Edmund Demers




Professeur Edmund Demers avec deux étudiantes au
Clarke College à Dubuque dans l’Iowa. Vers 1956.
(Photo: Grâce à Edmund Demers)

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Preface


C’est à la fin de l'année scolaire au printemps 1956 au Clarke College, une petite université de femmes catholique à Dubuque dans l’Iowa, lorsque Edmund Demers, 36 ans et professeur d'art, préparait ses bagages et sa voiture pour le long chemin à sa ville natale de Sanford, Maine, un trajet de presque 1 500 milles. Mais il ne restera pas chez ses parents très longtemps, seulement une semaine, avant de prendre un autobus à Boston et puis un autre à Montréal afin d’embarquer à bord de Castel Felice, un paquebot qui le mènera au Havre en France. Ce devait être son premier voyage en Europe, où il espérait pouvoir visiter des sites culturels pour améliorer sa connaissance de l'art, en particulier la peinture, la sculpture et l'architecture, et sa capacité à l'enseigner.



Le paquebot Castel Felice accostait au Havre, en France.
Il semble que le paquebot à l'arrière-plan est l'Ile de France.
Septembre 1956.
(Photo par Edmund Demers)


Le Castel Felice qu'Edmund Demers a embarqué au Quai 45 du port de Montréal pour se rendra au Havre, en France, en juin 1956. Le passage prendra 10 jours. Edmund reviendra sur le même navire, mais débarquera à New York plutôt qu'à Montréal. Pour plus d'informations et de photos du navire, voir: https://en.wikipedia.org/wiki/Castel_Felice
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Pendant presque tout son voyage, Edmund a tenu un journal de voyage comme ceux que son grand-père Télesphore Demers et sa tante Odelie Demers ont faits lors de leurs voyages, respectivement, de 1908 et 1898 au Québec. Contrairement à Télesphore et Odelie, pourtant, Edmund a pris un appareil avec lui et a réalisé des diapositives en couleur. Toutes ses tentatives avec l'appareil photo n'étaient pas couronnées de succès, mais beaucoup l'étaient, et il en avait encore plusieurs en sa possession, dont certaines sont comprises dans cette poste.

Comme le témoignage de son grand-père et sa tante lors de leurs voyages et malgré le fait que le voyage d’Edmund ait été pris seulement il y a environ 60 ans, le journal d'Edmund décrit un monde bien différent de celui d'aujourd'hui: les voyages en paquebot à l'Europe plutôt qu'en avion; une Europe qui se remet encore de la Deuxième Guerre mondiale; le nombre relativement faible de touristes américains, en particulier en les régions moins peuplées en dehors de Paris et d'autres grandes villes; l'utilisation des devises nationales (le franc français, le mark allemand, la lire italienne) plutôt que l'euro; et les communications limitées, principalement par télégramme et courrier à destination et en provenance des États-Unis et de l'Europe, et au sein de l'Europe elle-même. Et à plusieurs reprises au cours de son séjour dans le sud de la France, il donne des indices du profond engagement militaire et politique de la France en Afrique du Nord, notamment en Algérie.

Comme on a fait avec les carnets de Télesphore et Odelie, Edmund et moi faisons un transcription et les annotations à ses notes de voyage. Nous faisons aussi une traduction  de ses notes, mais cette fois-ci pour la plupart d’anglais à français. Ses notes sont presque entièrement en anglais, mais plusieurs longs passages ont été écrits en français. (Edmund, qui était couramment en français et anglais, avait étudié un peu de l'allemand et l'italien pour ses voyages en Allemagne, en Suisse et en Italie.) Ces entrées en français sont en caractères italiques. Le texte entre parenthèses est dans le texte original. Le texte entre crochets est de nouveau texte ajouté par moi. Bien entendu, les notes de voyage d'origines ne contenaient aucune photo.

Cette poste de blogue contient des extraits du journal rédigé deux mois après son arrivée en Europe pendant son mémorable séjour de trois jours dans le petit village de Saint-Sauveur-de-Meilhan, près du fleuve Garonne dans le sud de la France. Nous, Edmund et moi, avons commencé ici parce que c'était evident que cette visite-là avait eu le plus beaux souvenirs pour Edmund. Au cours de l'hiver, je prévois de travailler sur le reste de ses notes et publier les résultats de ce travail dans des postes ultérieures.

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Les Notes de Voyage d'Edmund Demers:

Saint-Sauveur-de-Meilhan et les villages voisins

15-18 août, 1956

Traduction des notes d'origine en anglais avec des révisions mineures de la ponctuation, l'orthographe et l'espacement. Les textes en italique sont des mots en français dans le texte d’origine. Les nouveaux mots sont insérés entre crochets. Les mots en parenthèses sont dans le texte d'origine.

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Prologue


Alors qu’il était encore relativement jeune, Odias « Pete » Demers, le père d’Edmund, était tellement atteint d’arthrite qu’il a dû terminer sa carrière de pharmacien. Pour gagner sa vie, il est devenu collecteur et marchand des timbres, une philatéliste, à une échelle internationale; il pouvait le faire pour soutenir sa famille même lorsqu'il était limité à un fauteuil roulant. Dans le cadre de ce travail, il correspondait avec d'autres philatélistes du monde entier, dont un prêtre, l'abbé Maurice Expert, le curé de la petite paroisse du village de Saint-Sauveur-de-Meilhan. Le village est situé  dans la Garonne au sud de la France entre les villes de Carcassonne et Bordeaux, juste au sud de la ville de Marmande.

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(Bulletin paroissial n°472,  Décembre 1956)


(Bulletin paroissial, n°475  Mars 1957)


(Bulletin paroissial n°468,  Juin-Juillet 1956)


(Bulletin paroissial n°479,  Août-Septembre 1957)


(Bulletin paroissial n°481,  Novembre 1957)


Extraits du Bulletin Paroissial de Saint-Sauveur-de-Meilhan. 

Le Bulletin Paroissial, une publication mensuelle, a été édité et rédigé en grande partie par l’abbé Maurice Expert. Il fournissait non seulement des informations sur les activités religieuses de la paroisse, mais également des nouvelles locales. Les extraits ci-dessus montrent qu'il contenait également des informations sur le passe-temps de collectionneur de timbres de l'abbé Expert. Les quatre premières pièces ci-dessus décrivent des timbres que le père d’Edmund, Odias, avait récemment l'envoyés; le dernier est un message public à Odias. Apparemment, Odias s'abonne au bulletin. 

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Au printemps 1956, Odias a écrit au curé Expert pour l'informer que son fils, Edmund, voyagera en France dans l'été et s'est demandé si Edmund pourrait rendre visite au prêtre à Saint-Sauveur. Le curé a répondu avec un oui enthousiaste et envoyé un paquet avec les coordonnées, indications, et horaires d'autobus pour Saint-Sauveur, Edmund était déjà parti pour l'Europe sur le Castel Felice. Donc Odias a envoyé le colis à Rome pour Edmund de recevoir avant son arrivée dans le sud de la France. 
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Les Notes de 14-18 août 1956


Mardi, le 14 août.


Mirabile dictu* ! Le train à destination de Marmande (Marseille vers Bordeaux) n'était pas surpeuplé. En fait, j'ai partagé un compartiment avec un soldat français, ce qui signifie que nous avions chacun une banquette capitonnée de sept ou huit pieds pour s’étendre dessus. J'ai bien dormi, même si je détestais manquer certaines villes que nous avons passées, notamment Toulouse et Carcassonne. Le soldat rentrait chez lui en permission de 30 jours, mais il était tout à fait certain qu'il serait rappelé en raison de la situation internationale. Il est très certain qu'il y aura une guerre avec l'Égypte et plus de troubles en Afrique du Nord. [Note : La crise de Suez va commencer au fin d'octobre.] Il a déclaré que le grand nombre de Nord-africains en France s'inscrit dans une politique calculée. Les troupes arabes en particulier sont renvoyées en France ; il y a un sentiment que la loyauté d'un musulman est très ténue. Il aimerait bien visiter les États-Unis, mais dit, malheureusement, qu'il a étudié l'espagnol à la place de l'anglais à l'école.


[*Latin : chose étonnante de dire.]


Mercredi, le 15 août


Arrivé à Marmande ce matin vers 6h15, le 15 août ‘56. La ville est beaucoup plus grande que ce que je pensais. Devant la gare, il y a un petit parc soigné avec des parterres de fleurs bien entretenus et des haies tondues et une fontaine au centre. Étant un jour férié [l'Assumption de la Vierge Marie], il y avait déjà quelques premiers voyageurs éparpiller, y compris des fermiers vêtus de leurs costumes noirs. Les gens ont l'air bien habillé et propre; c'était très différent des Marseillais. J’ai assisté à la messe de sept heures et j’ai été frappé par la beauté simple de cette église gothique. Seules les premières basiliques italiennes ont quelque chose qui ressemble à la belle forme et à la structure franche de ces églises. L'église était assez bien remplie, avec un grand nombre de missels et de livres de prières en évidence. L’évangile était lu en même temps que la lecture de l’évangile par le célébrant à l’autel. Un sermon plutôt fleuri a suivi. 

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Gare de Marmande. Bien que cette photo ait été prise en 2011, la station ressemble beaucoup à ce qu’elle était dans les années 1950. (Photo par Henry Salomé, sous licence : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License).


Pour plus d'informations sur la photo :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marmande_Gare_02.jpgwikimedia.org/wiki/File:Marmande_Gare_02.jpg

Vous pouvez voir des photographies de la gare, du jardin, de l’Hôtel des Messageries et des environs, au début du XXe siècle, à l’adresse suivante 

https://www.cparama.com/forum/marmande-t3894.html.
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(Cela me rappelle: le soldat français a déclaré que son gouvernement était inefficace; il aspire à un gouvernement qui prendrait des mesures décisives. « Nous prenons trop de temps à tout le temps en discuter », a-t-il déclaré).           


Il y a un très joli petit hôtel en ville. Après la messe, j'y suis allé prendre un café. J'ai été surpris de voir un groupe de personnes (qui avaient également assisté à la messe) qui étaient des touristes néerlandais ou allemands (ou peut-être des Alsaciens). Le nombre de personnes recevant la communion était très grand; un vieux curé disait la messe, et c'était très lent.

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Notre-Dame de Marmande. 2012.
(Photo by Henry Salomé, licenced under: https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License)


Plusieurs photographies de l'église, y comprises des vues de l'intérieur, du début au milieu du 20e siècle peuvent être vues à l'adresse suivante :
https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Église_Notre-Dame_de_Marmande; and
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L’autobus pour Saint Sauveur « ne fonctionne pas les jours de fête ». Il y a un taxi, mais avant tout, je vais essayer de rejoindre Monsieur le curé Maurice Expert par téléphone. [Note : Le français en italique est dans les notes d'origine.]

J'ai contacté M. Thoumazeau au téléphone. Le ton inhabituel des téléphones européens, le fort accent du marchand de vin et le fait qu’il criait au téléphone font que la conversation était difficile. Quoi qu'il en soit, je lui ai fait comprendre que l'abbé devait m'appeler à son retour. L'abbé Expert m'a rappelé (il a crié pire que Thoumazeau) et a dit que quelqu'un viendrait me chercher à l'Hôtel des Messageries à Marmande. C'est une jolie petite ville de 15 000 habitants située sur une route principale reliant Bordeaux à Toulouse. En conséquence, il y a beaucoup de touristes, un joli petit hôtel et un café agréable. Je me suis détendu, lu une copie de Paris Match et prit un Vermouth. M. Thoumazeau s'est présenté. J'ai essayé de monter dans le côté droit de la voiture, mais il y avait un volant ! On s'est réorganisé et on est parti.


M. Thoumazeau semblait souffrir de risques professionnels, d'un teint livide et d'un pied goutteur. On a bavardé de l’agriculture, du dur hiver, du canal entre la Méditerranée et Bordeaux et la consommation d'essence des voitures américaines et françaises. Et que tous les Américains sont riches. Il les a vus à un camp de munitions à proximité. Ils ont tous de très grosses voitures !

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Saint-Sauveur-de-Meilhan, avec l'hôtel de ville et l'église.
Vers le sud, route de Saint-Sauveur, route D264. 15-18 août 1956.
(Photo par Edmund Demers)

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Saint-Sauveur-de-Meilhan est simplement un large endroit sur la route, ou devrais-je dire un endroit étroit sur la route. À côté d'une petite église du XIXe siècle, de style roman-gothique (pas trop affreuse), se trouve le presbytère. Je suis descendu de la voiture. L'abbé est venu me rencontrer et nous nous sommes serrés la main. On m'a conduit directement dans la vieille maison carrée, qui offrait tout le désinvolte délabrement que l’on pouvait demander.

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L'église de Saint-Sauveur-de-Meilhan en 2012,
ressemble beaucoup à celle de 1956.
(Photo par Henry Salomé, sous licence : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License)

Pour plus d'informations sur la photo, voir :


Pour une carte postale du presbytère, de l'église, et de l'hôtel de ville dans années 1950, voir: 
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Nous sommes allés dans la salle à manger à droite du couloir central. Une soupière nous attendait sur une sorte de plaque chauffante de plat tournant en marbre au centre d'une longue table. Les couverts étaient installés. L'abbé a prononcé les grâces en latin et nous nous sommes assis pour déguster une délicieuse soupe aux vermicelles. Le père Maurice Expert est incroyablement naturel et facile à connaître. Dès le début, nous étions parfaitement bien. L'abbé porte des lunettes à pince-nez avec des lentilles de forme particulière du type Ben Franklin; quelques médailles d'or pendent devant sa soutane.

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Après une sorte de pain de viande, de salade et de bifteck aromatisé à l’ail, on a eu des pêches, du café et des cigares. Il y avait plein de vin et de pain.


Ensuite, une visite de l'église, décrite comme « moderne », étant âgée de moins d'un siècle. Il y a quelques vitraux dans l'abside. Il en faut 12 de plus pour la nef avant que le curé puisse déclarer que l’église est terminée. Il a souligné et expliqué assez longuement les peintures murales réalisées par un décorateur itinérant italien. Il y a une figure du Christ avec le Saint Sacrement encadré par les quatre évangélistes en cocarde. Ils sont étonnamment bons. Surtout quand on considère que les figures, plus les colonnes marbrées flanquant le sanctuaire, des imitations de cours de pierre et diverses guirlandes florales, des chérubins sur les voûtes peintes en bleu, ainsi que les blasons des divers évêques remontant de 1616 peints sur les nœuds des voûtes - le tout pour 6 000 francs (avant la guerre), plus les repas.


On a visité la sacristie. Il y a des étagères pour divers ordres diocésains, anciennes chasubles mitées. Des pittoresques toiles d'araignées ornaient la croix au-dessus du tabernacle. Il a souligné avec une certaine fierté les interrupteurs qui contrôlent des guirlandes d'ampoules lumineuses colorées autour des autels de Saint-Joseph et de la Sainte Vierge.


On s’est retiré dans nos chambres pendant une heure ou deux. Dans le chapiteau de danse installé dans la rue à une maison de là, le groupe entonne une musique très vivante; un violon, un saxophone, un accordéon, un piano et une batterie font un travail merveilleux. Le rythme et le sens du phrasé sont bons; tango, valses, « two-steps », et une sorte de polka locale semblent être la mode. C'est la première fois en Europe que je n'ai entendu aucun air américain ni aucune imitation européenne du jazz américain. À bien y penser, je n’ai pas vu de panneau Coca-Cola là non plus.

À la fête, il y a un stand où se trouvent des cacahuètes et divers bonbons, notamment du chewing-gum « Hollywood » et Wrigley. C’était la fiesta habituelle de village appelée « La Botte », pour une raison quelconque. Il y a un petit kiosque où l’on peut tester son adresse au tir - un autre vend des jouets, un autre des bonbons, une autre de la crème glacée et des boissons non alcoolisées. Ceci plus le chapiteau de danse est l'entière fête. Il me semble qu'il y ait un manque remarquable d'exubérance. En Italie, le bruit serait certainement assourdissant. Ici, il y a de temps en temps un petit pétard ou un pistolet à amorces. 

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Les stands à la foire agricole de Saint-Sauveur-de-Meilhan, près de l'église.

(Photo par Edmund Demers, 15-18 août 1956.)

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J'ai lu un magazine, l'un de la pile de « Le Sol de France » sur ma table (ils datent tous de 1926). Il dit que cette région a l'un des taux de natalité les plus bas en France. Les Italiens et les Polonais se sont installés dans les fermes inoccupées. Après avoir vu la culture intense de la vallée du Pô, il est facile de voir à quel point cette région pourrait être densément peuplée. C'est un pays magnifique: des palmiers, figues, pommes, pruneaux, pêches, tabac, maïs, pommes de terre douces, tomates, concombres, betteraves, céleris, asperges, et tout !

On a eu un bon souper et puis on est allé à l'étage pour regarder la collection de timbres, puis on s’est couchés de bonne heure. Je me suis levé un peu pour lire quelques articles du « Bulletin Paroissial » décrivant une petite église romane que nous avons visitée aujourd'hui.

Jeudi, le 16 août

Après le café au lait et le pain grillé vers huit heures, on s’est dirigés vers Meilhan. L'abbé sort sa voiture, une pièce de musée. Elle a 30 ans, mais l’abbé ne la possède que depuis 26 ans ! C'est une curieuse, petite Citroën à deux places ; il a un moteur minuscule qui commence par une manivelle, avec laquelle je sais maintenant assez bien manipuler. L'arrière a un petit compartiment à bagages en forme de poupe de bateau.

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L'Abbé Maurice Expert et sa Citroën à côté du presbytère 

à Saint-Sauveur-de-Meilhan. 

Notez le coffre ouvert « en forme de poupe ».

(Photo par Edmund Demers, 15-17 août 1956.)


Pour une photo charmante de l'abbé Expert avec des enfants de cœur, voir Geneanet.org: 

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La route goudronnée était en train d'être traversée par la conduite d’eau (Meilhan aura de l’eau !). On a fait un petit détour par un chemin de terre à un demi-kilomètre de la maison du curé. Il dit qu'il n'a jamais été sur cette route. (Il est dans la paroisse depuis 37 ans.) À Meilhan, j'ai acheté un timbre par avion au bureau de poste. Il y a eu une présentation très cordiale de la postière. Puis il y a un arrêt à l'archiprêtre de la ville, le curé Brunet. Un type jeune et enjoué qui considère manifestement le curé Expert comme une sorte de vieux caractère sympathique. Il est très intéressé par mon voyage et mon enseignement. Mon enseignement dans une école des filles catholique a été une source de consternation pour le curé Expert. Je lui ai tout expliqué en détail la nuit dernière. Certes, nous pouvons être fiers de notre système d'écoles catholiques qui est grandement nécessaire en Italie et France, mais ils n’ont pas l’imagination et la confiance pour le réaliser, semble-t-il.


Ensuite on va au « Tertre », un promontoire surplombant la vallée de la Garonne et ainsi que le canal et visite l'église, une structure du XIXe siècle de style pseudo-roman. Puis, on rentre pour le déjeuner: de la soupe, des côtelettes de porc, des nouilles frites dans du gras de poulet, et du fromage Roquefort.

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« L'immortelle, » comme dit le curé Expert, de sa Citroën de 1926. 

Dans le carrefour de la route de Saint-Sauveur à Meilhan-sur-Garonne.

(Photo par Edmund Demers, 15-18 août 1956.)

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File:Meilhan-sur-Garonne Église Saint-Cibard 01.jpg

L'Église Saint-Cibard, Meilhan-sur-Garonne. 2012.
(Photo par Henry Salomé, licenced under:
https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License). 

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L'abbé Maurice Expert au Tertre. Au fond, l’église Saint-Cibard.

(Photo par Edmund Demers, 15-18 août 1956.)

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Le Tertre à Meilhan-sur-Garonne aujourd'hui.
Le canal et le fleuve Garonne sont en bas de l'image.
(Google Imagery, copyright 2019)
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Vue de la Garonne et le canal du Tertre, un promontoire. 2012.
(Photo par Henry Salomé, sous licence :
https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License). 


Pour plus de photos sur Meilhan-sur-Garonne : 


Étant la chaleur du jour, on restait allongé jusqu'à environ 3h15 à laquelle on se dirige vers le sud en direction de Cocumont. Une vieille église entourée d'un cimetière était très intéressante. Elle est romane et des simples et belle proportions; elle est malheureusement dans un triste état de délabrement. [Note : C'est la Vielle Église de Cocumont.] Malheureusement, les peintures de la Renaissance derrière de l’autel sont en train de s'effondrer, en fin de compte seulement le tissu d’origine restera. Le plâtre écaillé révèle quelques anciennes fresques d’un style roman plutôt beau. C’est fort probable qu’ils s’effriteront avant que quelque chose ne soit fait. C’est si différent de l’Angleterre où toutes sortes d’efforts seraient déployés pour sauvegarder et préserver une telle structure ancienne. Au côté, il faut descendre cinq marches jusqu’au sol de l’église. Le toit en bois d'origine est disparu et un autre le remplace. Je prends quelques photos, l’abbé est inclus. Il semble aimer l’idée d'être photographié.

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La Vieille Église de Cocumont du XIème siècle. 

Photo en haut : l’auvent de l’entrée. Photo en bas : les absides du Chœur.

Vers 1910.


La Vieille Église est maintenant confiée à un organisme à but non lucratif, Cocumont Memoire et Patrimoine. Vous pouvez voir un récent clip vidéo sur l'église "Soutenez la Vieille Église de Cocumont" sur le site Web de l'Association:

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Ensuite, la ville de Cocumont. On a acheté de l'essence dans un garage raisonnablement moderne. On a vu une église du 19ème siècle, pourtant elle a la voûte en maçonnerie robuste et en pierre calcaire d'une authentique église romane.


On s’est ensuite arrêté pour une charmante visite  avec M. Alfred Veilhon, sabotier. Les outils intéressants de son métier toujours nécessaire sont dans le curieux magasin où il vend également des magazines. Il a 87 ans et c'est un archéologue amateur. Divers articles de lui ont été paru dans le Bulletin Paroissial. Il est légèrement voûté, porte un béret et des sabots et incarne les aspects plus gracieux et engageants de la personnalité française.


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File:Cocumont Église SJB 2.jpg

L'église St-Jean-Baptiste de Cocumont. 2009.
(Photo par Henry Salomé, sous license : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License).
Pour plus d'informations sur l'église et la photo :

Pour plus de photos sur Cocumont :
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L’église St-Jean-Baptiste au village de Cocumont. 

Vers 1920. 

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Monsieur Alfred Veilhon en 1951.

En 2015, M. Veilhon a reçu une plaque sur sa tombe à Cocumont en reconnaissance de ses travaux sur l'histoire et l'archéologie locales. Il se lit comme suit: "De condition et de nature modeste, il faut écrire l’histoire de nos ancêtres et de notre cher village." Vous pouvez voir une vidéo du dévoilement de la plaque, "Une épitaphe pour Alfred Veilhon", ici :
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De plus, j’ai rencontré un photographe amateur, M. Franchon, qui s'est rendu à New York avec son père alors qu'il était jeune. Il était récemment en Espagne pour photographier des choses à Kodachrome. Il a un Kodak Retina - très coûteux ! Notre prochain arrêt est à la maison du curé de Cocumont, l’abbé Lortique, un homme merveilleux de 86 ans, vif en esprit et réflexe. Il a une barbe et des éclats dans les yeux. On a également rencontré sa gouvernante, Madame Lacombe, une ancienne institutrice. Ils écoutent avec une attention soutenue de ma description de l’audience avec le Pape, de la traversée de l'Atlantique, du Clarke College [une petite université], etc. Le thé est servi avec de la « niôle », une spécialité locale, de l'alcool distillé à partir du vin, et qui est très bonne. Elle est habituellement versée dans du thé ou du café.


Les deux vieux prêtres discutent des potins ecclésiastiques et de politique. (Un nouvel évêque sera consacré cette fin de la semaine.) Il y a aussi le récent pèlerinage à Lourdes et une grande photo de groupe. Malgré leur provincialisme et de la stagnation de ces régions rurales, ces hommes sont très spirituels et fins, avec un sens cynique de l'humour. Le prêtre le plus âgé en particulier (il conduit toujours sa propre voiture) est animé et son esprit est vif. Il offre un toast et est très cordial dans son plaisir d'avoir rencontré un Américain qui a tout de même au cœur très français. 

Ensuite, ils se mirent à parler au sujet des fêtes religieuses anciennes qui disparaissent. À un village, il y avait une bénédiction annuelle des animaux. La gouvernante du curé décrit de manière lyrique les bœufs d'une certaine région (ils sont vraiment monumentaux !), et le lourd poids de ces animaux taillait de profondes empreintes de pieds et des sillons dans la boue noire (comme du chocolat). C'est très poétique. Il y a beaucoup de cette culture qui me frappe comme étant anciennes et celtiques; sa capacité pour les élocutions poétiques; l'esprit cynique; la musique qui privilégie les rythmes très répétitifs d'un air légèrement mélancolique. La superstition manque cependant. Le [mot obscurci] des Latins n'est pas ici non plus.


L'Abbé Joseph Lartigue, curé de Cocumont ; Madame Lacombe, 
la gouvernante de l’Abbé Lartigue ; et l'Abbé Maurice Expert.
(Photo par Edmund Demers, 16 août 1956.)

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L'Abbé Joseph Lartigue, "un homme merveilleux de 86 ans, vif en esprit et réflexe.
Il a une barbe et des éclats dans les yeux".

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Apparemment, l'église et la foi ici ne se sont jamais remises de la Révolution; en effet, elles ont dû être affaiblies bien avant cela. Ces vieillards regardent avec perplexité le XXe siècle et ses mœurs. Les théologiens européens ont peut-être des idées brillantes sur les problèmes contemporains de l'église, etc., mais il ne sera pas étonnant si les Américains trouvent le moyen de réaliser cette revitalisation du catholicisme bien avant les Européens. Ils ont probablement le sentiment que tout a été essayé; ils ne croient vraiment pas, ou ne peuvent pas imaginer, à quel point les choses peuvent être différentes.

Ce soir, on n'a pas eu de saucisse pour le souper. C'était une journée chaude, donc les choses s'abîment (il n'y a pas de réfrigération, naturellement), mais il y a de l'électricité dans la ville, et les tracteurs ont pratiquement éliminé le cheval (à 1 000 000 de fermes !) En d'autres termes, le réfrigérateur est dans leurs moyens, mais ils n'en voient pas les avantages. Il faut aller dans la ville voisine pour acheter de la viande fraîche (il y a pourtant deux épiciers en ville). La volaille n’est disponible que si vous le dites à Mme Unetelle un jour ou deux à l’avance et, alors, ils vous en tueront et en boucheront.

Un souper tranquille ce soir, et de bonne heure au lit. Demain, on visitera l'église de Bazas. Avant d’oublier, je dois commenter la remarquable institution de la salle d'écriture dans chaque poste italienne, un legs de l’époque de l’analphabétisme généralisé et des écrivains publics, sans aucun doute. En tout cas, non seulement on va au bureau de poste pour acheter un timbre quand il est une lettre à la poste, mais y va aussi pour écrire des lettres. Il y a aussi des dactylos à louer, du papier à lettre, et des cartes postales à 10 lires chaque. Le tout se passe très bien. Ah oui, j'ai presque oublié, on peut aussi y acheter des tickets de loterie !

Vendredi, le 17 août 


Une journée très intéressante, 50 kilomètres de visites et de rencontres. Premier arrêt, Sigalens, une des paroisses de campagne desservie par l'abbé Expert. Il y a une église sans intérêt du 19ème siècle. Juste sur la route à quelques mètres, on s’est arrêtés dans un magasin général particulier. Une dame négligente mais gracieuse nous a reçus. Elle a été très émue de se faire présenter à « un Américain de l’Amérique ». L'abbé prend grand plaisir à me présenter. On me présente à la fille dont le mari est en Algérie. On entre dans la cuisine, une pièce encombrée et pittoresque au-delà des mots. Rapidement, on sort des verres et distribue de la liqueur de coing à la ronde. Il y a un tintement cérémonieux de verres et des toasts pour la santé de tous.

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L'Église Pierre de Sigalens. 2009.
(Photo by Henry Salomé, licenced under: https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License). 

Pour plus d'informations sur l'église et la photo, voir:
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L'église de Sigalens. Vers 1910.

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Bientôt, le chanteur de l'abbé pour les grandes messes et les funérailles à Sigalens est entré. Il a 90 ans. Il est presque aveugle et très sympathique. On est reparti vers Bazas. La vieille cathédrale est assez intéressante, mais le temps était couvert et les photos seront insipides. L'archiprêtre n'était pas là. 
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Bazas Cathedral, août 2007.

Pour plus d'informations sur la photo, voir Wikimedia Commons:
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:FR-33-Bazas03.JPG.
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Au retour, on s’est arrêté à l'ancienne église particulière de Montclaritz [plus souvent, Montclaris]. Elle est entourée par un cimetière clos, recouvert entièrement de mauvaises herbes. À proximité on se trouve une ferme abandonnée. L'ensemble est très mélancolique à contempler. Il existe un simple portail roman, certainement très ancien. L'abside, à une date plus récente, est voûtée. Elle a aussi un beffroi. On descend plusieurs marches jusqu'au sol de l'église, un intérieur simple et noble. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à quel magnifique atelier d’artiste elle ferait ou quelle belle chapelle moderne. Il n'y a pas si longtemps, l'abbé disait la messe ici; ce sera bientôt une pure perte.
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L'église Saint-Martin-de-Monclaris-de-Sigalens, 2011.
(Photo par Henry Salomé, sous license : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License).

Pour plus d'informations sur l'église et la photo :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Martin_de_Monclaris

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Après le déjeuner, l'abbé m'a donné des cartes postales, et j'ai acheté quelques médailles et pamphlets qu'il avait imprimés. Une grande somme de dévotion, d’intelligence, de recherche et d’imagination ont été consacrées à ces petits projets de l’abbé Expert, mais les gens n’apprécient pas tout cela, et la foi des habitants est tout sauf fervente.

Ensuite, on a rendu visite à Mme Thoumazeau (elle fournit du vin à notre table), une femme très intelligente, pleine de questions sur l’Amérique, les voyages, etc. Leur maison est ordonnée et propre, presque luxueuse comparée au presbytère de l’abbé. Ils peuvent se permettre d'aller à Paris à l'occasion, etc.

On est ensuite monté à bord, et on est allé à Aillas-le-Grand. Il y a une tour et un portail romans étonnamment beaux. La nef a été reconstruite vers 1900; ce n'est pas mauvais, mais elle manque les talents que les anciens constructeurs avaient eus. Les vieilles fresques sont découvertes dans l’abside. L’abbé là-bas est assez jeune et de loin l'ecclésiastique le plus énergique et le plus moderne que j’ai rencontré jusqu’à présent. Certainement, l’apparence de l’église, du presbytère, et de la sacristie parlent d’une congrégation bien ordonnée.

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Aillas-le-Grand, 2011. 
(Photo par Henry Salomé, sous license : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License).

Pour plus d'informations sur l'église et la photo :
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Aillas_%C3%89glise_1.jpg.
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On s’est arrêté en rentrant chez nous pour bavarder avec M. et Mme Duchamp. Ils nous ont donné un panier de pêches et on a longuement parlé de la culture du tabac, du maïs hybride et des écoles. (Leur fille est institutrice.) On s’est rendu à Aillas-le-Vieux, que l'abbé espérait transformer en un lieu de pèlerinage, mais hélas, celui-ci tombe également en ruine. C'est un endroit pittoresque et ancien.

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Notre-Dame-de-Aillas-le-Vieux

(Photo par Henry Salomé, sous license : https://en.wikipedia.org/wiki/en:GNU_Free_Documentation_License).


Pour plus d'informations sur l'église et la photo :

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De retour en ville, on rend visite à ceux qui dirigent la petite épicerie où le bus s’arrête. La dame, Mme Corfmarie [le nom n'est pas clair] et ses deux filles (dont l'un des époux est à Colomb-Béchar en Algérie) sont très curieuses de connaître l'Amérique: sa nourriture, sa langue, ses voitures, ses routes, etc. On a appris que le bus partait à 8 heures pile (« heure légale »). L'abbé suit l'heure solaire pour des raisons liturgiques.

Un souper tranquille, avec une soupe de cabillaud intéressant et des pêches au dessert, comme d'habitude. Après le dîner, l'abbé a roulé un paquet de cigarettes, comme d'habitude.

Samedi, le 18 août


On commence de bonne heure avec un énorme bol de café au lait. (Je le bois, mais je suis contre tout ça en principe.) L'abbé s'est assis avec moi, mais sans rien prendre car il n'avait pas dit encore la messe. La messe, elle n’est pas très gratifiante, car une seule personne était présente, à côté des deux enfants de chœur et la vieille dame qui sonne la cloche lors de la messe le vendredi matin pour les âmes au purgatoire. 


J’ai pris quelques photos de marché de Marmande, mais le temps était maussade. Je viens de prendre l'express pour Bordeaux - le plus beau train que je n’ai jamais embarqué en Europe (tarif supplémentaire également). . . .

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Une dernière regarde.
L'Abbé Expert et son "immortelle." Location inconnue.

 (Photo par Edmund Demers,15-17 août, 1956.)

[À suivre . . . ]
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Épilogue


En octobre 1956, environ deux mois après le départ d’Edmund de Saint-Sauveur-de-Meilhan, le Bulletin Paroissial a publié un article détaillé sur le séjour d’Edmund dans le village. De toute évidence, il avait fait bonne impression sur les gens là-bas. Mais dans le numéro prochain du Bulletin Paroissial, celui de novembre, une plainte était même portée à son attention. On pouvait le lire.

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Bulletin paroissial, n°471,  novembre 1956.

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Le père Expert devait compter sur le père d'Edmund, qui était apparemment abonné au bulletin, pour lui transmettre le message.


Parmi les dossiers d’Edmund, j’ai trouvé une copie jaunie de l’article ainsi qu’un autre article paru en décembre 1956, qui contient de nombreux passages d’une lettre de remerciement qu'Edmund avait adressée à l’abbé Expert. À la fin du deuxième article, il est indiqué que le prochain Bulletin contiendra encore plus d'informations sur Edmund qui répondront à beaucoup de questions des lecteurs. 


Ce qui suit est l'article d'octobre qui fournit une description charmante et complémentaire du point de vue du curé Expert de la visite d'Edmund. (Les mots entre crochets ont été ajoutés par moi.) Les articles des bulletins de décembre 1956 et de janvier 1957 paraîtront à la fin de la prochaine poste de blog au sujet de la fin de voyage d'Edmund.


Bulletin Paroissial de St-Saveur-de-Meilhan


Octobre 1956


VISITE.-Nous n'apprendrons rien à personne en disant que le Directeur du <<  B.P  >> est un philatéliste . . . vieux et éminent ! Or; l’an dernier, sur la foi d’une petite annonce de <<  L’Echo  >>, il écrivit à M. Odias Demers, Sanford (Maine) U.S.A. pour échanger des timbres… Puis, ayant satisfaction de toutes parts, les échanges se poursuivirent au rythme d’un par mois or environ. Vers le début de l’été, ledit correspondent écrivit à Monsieur l’Abbé Expert que son fils allait s'embarquer pour l’Europe... et qu’il pousserait peut-être jusqu’en Saint-Sauveur de Meilhan ! ! ! Il lui fut répondu par courrier qu’il serait le bienvenu, et on lui envoya, à cette fin, une abondante documentation : cartes, direction, téléphone, autobus...qui lui furent retransmis et lui parvinrent à Rome…


Puis les semaines passèrent. Le jour du 15 Août, avant la Grand’Messe, nous recevions un coup de téléphone… le visiteur annoncé était à Marmande… Des voisins aimables allèrent le chercher et le déposerent à midi, pour déjeuner au Presbytère, en pleine fête votive !


M. Edmond Demers est un jeune homme de 35 ans, de grande taille, avec la barbe. Il est professeur de Beaux-Arts et de peinture au Collège Clarke qui vient de fêter son centenaire. Il s’agit d’un Collège libre, catholique, comprenant environ 400 pensionnaires, du centre des Etat-Unis, à Dubuque, dans l’Iowa. 


Il s’est embarqué pour la France au début de Juin, avec un Kodac...Voyage d’agrément bien sûr, mais qui lui servira beaucoup pour son instruction et celle de ses élèves. Il a débarqué au Havre et se trouvait à Rouen pour les fêtes de Jeanne d’Arc et de la résurrection de la Cathédrale. Il a visité Reims, Strasbourg, Luxembourg et quelques villes d’Allemagne. Après être passé par Vienne (Autriche), il est descendu vers l’Italie, il a visité Venise, Florence, Gênes, et a passé près de quinze jours dans la Ville Eternelle. Il a assisté à Castel-Gandolfo à une audience du Pape, qui comprenait quatre or cinq mille personnes, auxquelles Pie XII a parlé en cinq or six langues !


C’est après toutes ces splendeurs que notre aimable visiteur a pris le chemin de Saint-Sauveur, non cependant sans avoir visité Marseille ! Il a trouvé ici le calme bienfaisant de la campagne et de l’amitié. Il s’est reposé de ses fatigues pendant trois jours, tout en visitant, avec l’immortelle Citroën de Monsieur le curé, les proches environs : Meilhan et Cocumont le jeudi, Bazas et Aillas-le-Grand le vendredi, sans oublier Sigalens, Montclaritz et Aillas-le-Vieux.


Notre visiteur parlait couramment le Français, ayant été jadis à des écoles élémentaires françaises et comme l’Etat du Maine, son pays d’origine, est limitrophe du Canada, il descend, et a encore des parents Canadiens de langue française...Aussi a-t-il pu parler beaucoup par ici pour s’instruire et aussi répondre aux innombrables questions qui lui furent posées…


Tout a une fin … Il est parti par l’autobus de 7 heures pour Marmande, le samedi 18 Août, le cœur gros, semble-t-il, très touché, nous a-t-il écrit, par tout ce que nous avions fait << pour rendre sa visite à Saint-Sauveur confortable et intéressante. >>


Il s’est dirigé sur Paris, où il a passé ses dernières journées à visiter notre capitale. Il est ensuite reparti pour Le Havre où il devait reprendre, au début de Septembre, le même paquebot. 

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Remerciements


Évidemment, je dois commencer par remercier Edmund de m'avoir permis de publier ses notes de voyage. Vers la fin de notre première réunion après presque 40 ans d'absence en 2015, Edmund a sorti ses notes de voyage pour l'Europe et m'a lu quelques passages. Je lui ai immédiatement demandé si je pourrais lire les notes et les publier dans mon blog avec les notes de voyage de son grand-père Télesphore et de sa tante Odelie, mais il était réticent à le faire et, avec ça, l'affaire a été fermée. Il y a environ un an, comme il était évident que son état de santé se détériorait progressivement, je lui ai de nouveau demandé de me permettre de travailler avec lui à la publication de ses notes et, cette fois, il a accepté avec une mesure de plaisir.

Nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs mois, y compris le travail de traduction des notes en français. Dans les notes, il mentionne à plusieurs reprises avoir pris des photos; avec l'aide de sa fille Peggy Trout, nous avons pu les retrouver chez lui. Au début du mois de février 2019, plusieurs semaines avant sa mort, Edmund était capable de lire la version presque finale de cet article. De plus, nous avons parlé des notes qu'il avait écrites au sujet de la dernière étape de son voyage, de sa visite à Paris, dans l'est de la France, en Allemagne et Suisse, mais il n’a jamais été en mesure de voir les notes transcrites ou traduites de cette partie de son voyage. Cet article représente donc la dernière de notre collaboration sur le blog. Elle était une collaboration qui a duré près de trois ans et demi et trois journaux de voyage, et comprenait de nombreuses heures consacrées à l'histoire de notre branche de la famille Demers.
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Edmund et moi travaillant sur les notes de voyage de Télesphore et Odélie Demers.
Farmington, N.H. Printemps 2016.
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Je tiens également à remercier Peggy Trout pour tous ses encouragements et son aide pendant cette période et pour son aide continue dans le cadre de mon travail sur le reste des notes d’Edmund. L’implication de Peggy dans les différents journaux de voyage remonte à la traduction par Edmund du texte français du journal de Télesphore en 1990, date à laquelle elle en a tapé la traduction manuscrite finale. Depuis 2015, elle nous a encouragés, Edmund et moi, dans notre travail et a facilité nos communications et nos réunions. Elle continue de partager généreusement avec moi des documents de l'archives personnel de documents écrits, de photos et d’œuvres d’art d’Edmund.

Comme pour tous les articles en français, mes cousines ​​de Victoriaville, au Québec, Cécile et Jeanne d’Arc Leblanc, ont contribué à la révision de la version française de cet article. Merci beaucoup à toutes les deux pour l'aide!

Enfin, je tiens à remercier l’aide de la société historique de Cocumont, en France, l’Association des mémoire et du patrimoine, en particulier son président, M. Denis Mourguet, et l’un de ses bénévoles dévoués, M. Pierre Kurmurdjien, pour leur aide et leur intérêt pour ce projet. Après avoir lu les notes sur la visite d’Edmund avec l'abbé Expert et vu les photos d’Edmund, je suis allé en ligne pour trouver des informations sur les villages et les églises qu’Edmund a décrits. Très vite, j’ai trouvé le site Web de l'Association contenant des descriptions écrites et des photos de nombreuses églises; il y avait même une vidéo d'un hommage récent à l'historien local M. Alfred Veilhon, le vieil homme dont Edmund avait parlé avec tant d'admiration lors de sa brève visite à Cocumont. M. Mourguet et M. Kurmurdjien parlent tous les deux dans la vidéo à propos de M. Veilhon lors du dévoilement d’une plaque sur sa tombe qui indique: Un homme humble et sans prétention qui a été capable d'écrire l'histoire de nos ancêtres et de notre cher village. (Vous pouvez visionner le clip ici: https://cocumontpatrimoine.jimdo.com/agenda/les-évènements/.)

Par courriel, j’ai envoyé à la société une copie des notes d’Edmund sur sa visite dans la région, ainsi que plusieurs photos qu’il avait prises, et lui ai demandé de l’aide à identifier les emplacements des photos et à obtenir des informations sur les autres sites mentionnés dans les notes. Dans plusieurs échanges de courriels, M. Mourguet et M. Kurmurdjien ont fourni de nombreuses informations, notamment une photo d'Alfred Veilhon, qui apparaît exactement comme Edmund l'a décrit. M. Kurmurdjien a également fourni d'autres photos de lieux de la région et des extraits du bulletin paroissial rédigé par l'Abbé Expert à Saint-Sauveur. Je les remercie beaucoup pour leur intérêt pour le projet et pour l'aide qu'ils m'ont apportée. Je vous encourage à consulter le lien suivant pour voir les nombreuses photos et vidéos d'églises et d'autres structures historiques que la société consacre à la stabilisation et au maintien dans Cocumont: https://cocumontpatrimoine.jimdo.com.

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