A family history blog in French and English

Sanford-Springvale, Maine, Railroad Station, early 1900s. Collections of the Sanford-Springvale Historical Society.

Partie 4 : À Saint-Hilaire-de-Dorset et En Route à Saint-Fortunat


[copyright 2017: Dennis M. Doiron]
De bonne heure lundi matin, nous nous sommes mises à l'oeuvre pour faire nos préparatifs pour se mettre en route pour Dorset. Nous nous sommes embarquées avec nos deux cousins, Fortunat et Télesphore, ainsi que nos deux cousines, Alphonsine et Rosanna. On regrettait beaucoup

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de ne pouvoir prolonger notre promenade à Saint-Samuel vu qu’on s’amusait si bien, mais le temps des adieux était arrivé. Il nous était difficile de retarder plus longtemps notre départ. Après avoir présenté nos adieux à toute la famille et leur avoir présenté nos remerciements pour le bon accueil et la bienveillance dont on avait été accueillie au milieu d’eux, nous nous sommes embarquées à neuf heures.
La pluie qui était tombée le dimanche avait beaucoup brisé les chemins et, en arrivant au bois, nous avons constaté que le vent avait renversé une partie des arbres le long de la route et, même, plusieurs arbres étaient tombés complètement dans le chemin. Un M. Beaudoin de Saint-Hilaire était à débarrasser le chemin pour que les voitures puissent passer.  Les dommages sont beaucoup considérables, mais heureusement que cet élément destructeur n’avait pas frappé
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sur une partie habitée car nous aurions certainement plusieurs pertes de vie à enregistrer.
En se rendant où demeurent nos cousins, nous sommes passés près de la demeure où résidait M. Israël Morin et sa famille. En passant, nous avons vu Adelia, mais sans pouvoir lui adresser la parole.  De là, nous avons passé près de l’église ou, plutôt pour mieux dire, près de la maison d’école. J’aurais bien aimé avoir un « caméra » pour en poser la photographie, mais tout de même, je vais toujours vous faire la description du clocher comme avantage pour nos cousins qui en ont fait la construction. J’ai oublié de me faire renseigner d’où ils s'étaient procurés le plan.  Quatre chevalets placés sur le sommet de l'église soutenaient la cloche qui n’est pas d’une pesanteur extravagante puisque tout est en équivalant.  
Tout en continuant notre route, nous
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nous sommes rendus à la demeure de nos deux cousins, Nazaire et Télesphore. Nous les avons trouvés assez bien organisés et comme la femme de Télesphore nous était inconnue, nous étions désireuses et, aussi, heureuses d’en faire la connaissance tout en constatant qu’elle paraissait bien aimable et bien amusante.  
Après avoir échangé quelques paroles, Léa nous prépara notre dîner qui fut avalé avec appétit. Tout nous paraissait bon au Canada. Le climat nous était bien naturel. Après avoir pris notre dîner, nous avons pensé qu’une petite marche nous serait favorable après avoir parcouru onze milles en voiture.
Nous sommes allés cueillir des fraises. Nous en avons fait une bonne provision en peu de temps. À notre retour, nous sommes entrés chez Télesphore où on nous servit du sucre d’érable tandis que Demerise nous préparait à souper.
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Demerise Letourneau Demers, la femme de cousin Télesphore,
fils de Honoré et Victoria, vers 1900.
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Après avoir pris le souper chez Télesphore, nous sommes allés passer la soirée chez Nazaire. Nous nous sommes trouvés plusieurs jeunes gens réunis parmi lesquels on comptait les Messrs Beaudoin et leurs soeurs, M. Alay et sa soeur, ainsi que deux M. Buteau qui demeurent près des Messrs Demers. M. Pitre Buteau est fromagier et demeure avec son frère.
Nous avons passé une belle soirée. J’étais accompagnée de mon cousin, Fortunat.  Éva exécuta les quelques morceaux de musique qu’elle pouvait jouer quoiqu’avec un peu de difficulté. Après quoi, les Delles Demers chanterent en choeur, « « Montagnes pyrénées ». Il va sans dire que ce n'était pas petit à voir !
Le lendemain, Éva est allée au village avec ma cousine Rosanna et, ainsi que, Nazaire, qui était leur charretier. Pendant leur absence, moi et Alphonsine, nous sommes allées visiter le moulin à scie en compa-
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gnie de la femme de Télesphore. Tout fonctionnait à merveille.  Dans l’après-midi, nous sommes allées faire une petite visite chez M. Beaudoin qui demeure près de chez Nazaire.
On avait reçu une invitation pour aller aux noces des M. Begin à Melle Dumont et M. Dumont à Melle Lavallière. On était bien désireuse de se rendre à cette invitation, mais on pensait à nos toilettes. Nos costumes de voyage commençaient à être un peu poussiéreux. Mais toutes réflexions faites, on devait se rendre avec les autres le soir. Puisqu'ils n’avaient pas voulu nous envoyer notre linge [de corps], on allait se divertir tout de même. Fortunat m’offrit sa compagnie que j'étais heureuse d'agréer. Nous partîmes plusieurs couples ensemble. Je crois qu’il y avait six voitures qui formaient une partie de la noce de notre groupe. La soirée se passa chez M. Couture. Nous avons
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dansé quelques danses, mais comme le violon faisait défaut, il n’y avait pas autant d’encouragement pour la danse.
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En attente de la permission de publier la photo.
Cliquez l'adresse internet au-dessous de la voir.
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Une Veillée Autrefois, par Edmond-Joseph Massicotte.
Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Quèbec (BAnQ) :
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Nous sommes partis vers une heure après minuit. La lune était brillante et chacun se rendait satisfait de la soirée. Éva passa une partie de la soirée avec M. Buteau quoiqu'il s'était rendu avec Rosanna, mais voyant qu’elle n’avait pas l’habitude de danser, Éva a eu l’honneur de l’accompagner pour la danse tout en paraissant très bien s’amuser.
Mercredi matin il fallait penser à se mettre en route pour Saint-Fortunat. Le temps était si court qu’il nous fallait beaucoup abréger nos visites.  Et comme il nous fallait parcourir cinquante milles en voiture, il ne fallait pas différer trop notre départ. Après avoir présenté nos félicitations à nos cousins de la manière dont ils nous avaient reçues, nous leur avons fait un dernier
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adieu et nous nous sommes embarquées avec Fortunat. Il était huit heures et demie.
En passant au village de Saint-Évariste, nous sommes arrêtés quelques minutes où nous sommes allés faire une petite visite à l’église. Nous avons remarqué qu’elle paraissait très bien au-dehors, mais comme la construction n’est pas terminée complètement, nous n’avons rien vu de bien ouvrage au-dedans. Après avoir fait une petite prière, nous sommes allées rendre notre voiture afin de continuer notre route. Le village est encore petit mais assez bien construit.  De là, nous nous sommes rendues au village de Lambton où nous sommes arrêtées quelque temps pour se reposer de la voiture, et nous sommes encore allées faire une visite à l’église qui n’est pas aussi belle que celle de Saint-Évariste, mais mieux finie au-dedans, et comme le temps était court, nous avons récité seulement un bon « Notre Père », après quoi nous nous sommes retirés pour se remettre en route.
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En attente de la permission de publier la photo.
Cliquez l'adresse internet au-dessous de la voir.
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Saint-Évariste, vers 1900. Carte postale.
Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1970460.
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Les heures s’écoulaient assez vite. Le trajet ne nous paraissait que de quelques milles et, pourtant, nous en avions bien la moitié de parcouru.  Nous voilà enfin arrivés à Disraeli. Il est quatre heures moins dix minutes et comme on avait pensé faire ce trajet par voie ferrée, j’avais informé mon oncle Hilaire Aubin de notre arrivée à Disraeli, et il s’était rendu pour notre réception. Mais voyant que nous n'étions pas débarquées dans le train de dix heures, il s’était rendu à la scierie de M. Champoux et nous ignorions complètement qu’il se trouvait dans le village. Lorsqu’on se rendait à l'Hôtel Begin pour prendre quelques heures de repos, nous fûmes informés que mon oncle était arrivé de bonne heure le matin
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pour notre réception.
Tout en se reposant de la voiture, nous sommes allés prendre une marche dans le village. En passant à l’église, nous y sommes entrés et avons constaté qu’ils se trouvaient dans le « quarante heures ». Nous avons fait l’adoration du Saint Sacrement après quoi nous sommes retournés à l'Hôtel Begin, mais nous avons constaté à notre arrivée que mon oncle n’était pas encore de retour. Ne sachant pas dans quel parti du village il se trouvait, nous avons préféré l’attendre que d’en faire la recherche. Mais à peine dix minutes s'étaient elles écoulées que nous le vîmes venir.
Après lui avoir souhaité la bienvenue, nous nous sommes remis encore en route pour Saint-Fortunat. Éva s’embarqua avec mon oncle et, moi, je continuai le trajet avec Fortunat. Je m’amusais très bien en sa compagnie comme il y avait plusieurs années
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qu’on n’avait pas eu la satisfaction de se parler et, d’autant plus, qu’il m’était donné de
partager, non seulement l’affection d’un cousin, mais de plus, l’estime d’un ami bien intime.

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