A family history blog in French and English

Sanford-Springvale, Maine, Railroad Station, early 1900s. Collections of the Sanford-Springvale Historical Society.

Partie 6 : De Saint-Fortunat à Sanford

[copyright 2017: Dennis M. Doiron]
Lundi, onze juillet, il nous fallait se mettre en route pour Sanford. Après avoir présenté nos remerciements à chez mon oncle pour le bon accueil qu’il nous avait témoigné, nous fîmes nos adieux à toute la famille, ainsi
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qu’à Delienne et Alphonsine et, après quoi, nous nous sommes embarquées à sept heures du matin avec mon oncle Hilaire Aubin pour se rendre à Sainte-Victoire-d’Arthabaska [maintenant, Victoriaville] où nous devions prendre le train qui conduit à Richmond.
Il nous fallait parcourir vingt-huit milles en voiture. Le trajet nous parut bien long. Nous arrivâmes à Sainte-Victoire à midi dans vingt minutes, et il nous fallait attendre jusqu’à trois heures de l’après-midi. Nous nous rendîmes à la station, et après s’être informées de l’heure des trains, nous sommes allées au magasin se procurer différents objets et bonbons pour notre montée.
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En attente de la permission de publier la photo.
Cliquez l'adresse internet au-dessous de la voir.
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Le gare de Grand Tronc à Saint-Victoire-D’Arthabaska (maintenant, Victoriaville), vers 1900.

Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales de Québec :

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/11261.
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En attendant l’heure du départ, nous nous sommes occupées à parler toutes les deux de notre voyage au Canada, tout en racontant nos aventures chacune de notre côté, mais toujours bien froissée de ne pas avoir eu notre valise pendant notre séjour au Canada. Mais ce qui nous consolait,
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c’était qu’on avait fait un voyage d’agrément tout de même.
Nous nous sommes embarquées sur l’express de trois heures pour se rendre à Richmond. Nous sommes arrivées à quatre heures dans vingt minutes et, de là, il nous fallait attendre jusqu’à onze heures et demie. Le temps nous paraissait bien long. Nous étions une dizaine de personnes dans la salle d’attente.
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En attente de la permission de publier la photo.
Cliquez l'adresse internet au-dessous de la voir.

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La gare de Grand Tronc à Richmond, Québec.

Carte postale, vers 1900.



Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales de Québec : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1953907
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Nous sommes allées faire une visite à l’église tout en y faisant notre prière du soir. En revenant, nous sommes entrées dans un restaurant où nous nous sommes procurées de bons gâteaux et, de là, nous sommes revenues à la station n’ayant que le souvenir des quelques semaines qui venaient de s’écouler pour abréger un peu la longueur de la soirée. Je me suis mise à écrire quelques notes ce qui m’occupa bien une heure au moins.
Quelques minutes avant l'arrivée du train, nous eûmes le plaisir de saluer M.
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Charles Langlais et sa dame qui revenaient de leur voyage de noces. Nous leur adressâmes quelques paroles, mais le train annonça son arrivée et nous sommes allées prendre nos sièges.
Il était minuit dans un quart lorsque nous laissâmes Richmond pour se rendre à Portland. En embarquant, nous nous sommes trouvées avec Mme Roulx, ses deux filles et son petit garçon qui reviennent de leur promenade. Nous avons fait le trajet ensemble. Comme j’étais bien accablée par la fatigue, je m’endormis paisiblement.
En me réveillant, je remarquai qu’un jeune monsieur était venu prendre place près de moi. Aussitôt, il m’adressa la parole et je continuai la conversation. Nous racontâmes notre promenade tous les deux. Il m’informa qu’il demeurait à Berlin Falls  [maintenant, Berlin, New Hampshire] et qu’il était allé faire une visite au Canada. Il avait visité plusieurs places environnantes de Saint-Fortunat où nous étions
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allé. Il s'était embarqué à Sainte-Victoire, lui aussi, mais seulement dans le train du soir.
Je n’ai pas eu l’indiscrétion de lui demander son nom, mais c’était un jeune homme bien aimable à première vue et paraissait bien gentil aussi. Il a fait route avec nous autres jusqu'à Berlin Falls. Je l’informais que nous nous étions trouvées en visite à Saint-Fortunat avec Mme Joseph Lambert de Berlin Falls. Il me dit qu’il la connaissait très bien.
Il riposta en disant qu’il avait fait faire son lavage au Canada, mais il se plaignait que les Chinois ne l’avaient pas bien servi - le lavage était très bien, mais le repassage laissait à désirer. J’ai pensé qu’ils avaient fait leur apprentissage avec ceux de Saint-Fortunat parce que sa chemise et nos collets paraissaient avoir été repassé à la même « Shop. » Nous avons eu bien du plaisir pour notre histoire de Chinois.
Tout en parlant, il nous proposa de débarquer à Berlin Falls où
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on pourrait faire une petite visite et prendre l’express à trois heures pour se rendre à Sanford. Mais voyant que nous n’avions pas notre valise, nous avons préparé ne pas aller montrer nos belles toilettes à Berlin Falls. Nous le remerciâmes de son invitation, après quoi, il nous souhaita le bonsoir et un heureux voyage.
En arrivant à Portland, Charles Langlais est venu nous faire une petite visite et il demeura avec nous autres jusqu'à ce que nous soyons rendues à la station.
Nous sommes arrivées à neuf heures et, de là, il nous fallait attendre à midi et demi. En débarquant, nous avons fait la rencontre de M. Joseph Benoît qui revenait au milieu de sa famille à Sanford et, tout en parlant, je lui dis que nous arrivions du Canada et que nous n’avions pas eu notre valise, qu’il était tout probable qu’elle était restée à Cumberland Mills. Il alla trouver l’agent qui lui assura qu’elle
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était là et que nous pourrions la trouver en passant.
Il s’en chargea lui-même. J'étais bien contente parce qu’on commençait à être ennuyée de l’histoire de la valise, et surtout Éva, qui était obligée de sortir son anglais, ça lui faisait une pratique. En passant à Cumberland [Mills], M. Benoît est débarqué mais n’a pas eu le temps de parler, vu que le train n’était arrêté que quelques minutes. Le conducteur nous informa qu’on n’aurait qu’à télégraphier rendu à Springvale et qu’il nous l'emmènerait immédiatement.
Nous sommes arrivées à Springvale à deux heures et nous nous sommes embarquées sur les chars electrics pour se rendre à Sanford. Nous avons trouvé toute la famille très bien et après s’être informé de notre promenade, nous leur avons annoncé que nous avions fait une heureuse promenade, se gardant bien de les mettre
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au courant de l’histoire de notre valise, et, comme maman attendait que nous soyons de retour pour faire son lavage de chaque semaine afin de laver notre linge sale, nous avons informé maman qu’elle n’avait pas besoin de différer son lavage, que tout notre linge était net. Elle pensait que nous avions fait notre lavage au Canada, mais, à force de nous poser des questions de manière et autres, nous sommes venues à tout leur déclarer.
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Chez Demers, à la maison achetée en 1991, 58 Allen Street, Sanford, Maine. Vers 1900. De gauche à droit, Adreanna, Lydia, Virginie, Odias et Henriette Demers. Les enfants sur le perron sont Rose et Ernest Reid, les petits de Virginie.
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Et le jeudi notre valise est arrivée après un télégramme que M. Thomas Chason leur avait expédié le mercredi soir. On était contente de la voir arrivée, mais on aurait été beaucoup plus contente si elle nous fut arrivée au Canada. Et j'espère bien qu’une pareille aventure n’arrivera pas à ma prochaine visite.
        Odelie Demers, [date manquant] juillet 1898, Sanford, Maine, U.S.A.

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