A family history blog in French and English

Sanford-Springvale, Maine, Railroad Station, early 1900s. Collections of the Sanford-Springvale Historical Society.

Partie 2 : Lac Saint-Jean et La Doré



[copyright 2017: Dennis M. Doiron]
Juin le huit.
Nous avons laissé Sainte-Anne à cinq heures et trente [minutes] pour se rendre à Québec. Nous sommes arrivés à sept heures [de l’]avant-midi et nous avons laissé Québec pour se rendre au Lac Saint-Jean. À huit heures et quinze minutes [de l’]avant-midi, le temps est bien beau et chaud. À neuf heures et trente, nous passons à Saint-Raymond,
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beau village [de] près de cent maisons, [un] moulin à scie à vapeur, [et une] jolie station.
À deux heures [de l’]après-midi, nous sommes rendus au Lac-Édouard, [un] moulin à scie [et] environ cinquante maisons composent le village. Nous sommes arrêtés pour vingt minutes au dépôt pour le dîner. Nous voyons beaucoup de montagnes et de bien mauvaises terres. À six heures et trente minutes [de l’]après-midi, nous sommes rendu à Roberval, chez M. Ferdinand Brassard. Le village est bien beau à première vue, mais il est impossible de se servir de téléphone de Québec á Roberval - c’est-à-dire, sur une distance de cent quatre-vingt-neuf milles. À huit heures du soir je réussi à faire [un appel] à Télesphore.
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En attente de la permission de publier la photo.
Cliquez l'adresse internet au-dessous de la voir.
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Lac Saint-Jean à Roberval, vers 1900-10.
Collection numérique de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/6398
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C’est le jour de la votation, l’excitation est grande partout. Nous prenons une marche jusqu’au quai. Nous en rencontrons plusieurs qui se sont réchauffé la veine, surtout parmi les gagnants. Ils ne sont pas trop à blâmer. Plusieurs se sont rincé
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la « dalle du cou » à bon marché. Rendu au quai, j’ai parlé au propriétaire du bateau. Nous sommes retournés à l’hôtel à neuf heures du soir. Nous prenons notre chambre, mais il fait bien chaud, trop pour pouvoir se reposer.

Le neuf juin. [Ce] matin, le temps est encore beau, mais sombre.
Nous laissons l’hôtel à onze heures et trente-cinq minutes du matin pour aller prendre le bateau. Nous entendons de chauds entretiens politiques tout l’avant-midi. Six bateaux assez bien montés laissent le quai à une heure [de l’]après-midi. Le vent est froid, notre bateau est chargé de fruits et cinq passagers de Saint-Félicien. À cinq heures de l’après-midi, Télesphore nous attend au quai en voiture où nous devons nous embarquer pour La Doré, lieu de sa résidence.
En passant par Saint-Félicien, nous avons fait rencontre du « Triomphe » [note : On ne sait pas ce que c'est le « Triomphe ».]. Saint-Félicien est un beau village et nous voyons de bien belles prairies. À huit heures du soir, nous sommes rendus à La
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Doré. Nous trouvons la place plus avancée qu’on s’attendait, les bois sont bien tristes mais la terre est belle et bonne. Nous faisons rencontre de Télesphore Demers, notre neveu [note : le fils d'Honoré Demers]. Il est venu veiller avec nous autres jusqu’à dix heures du soir. Après quoi, nous avons pris chacun notre chambre.

Juin le 10. À cinq heures et trente minutes du matin, il fait un beau temps, mais froid.
Arrière rangée : Leo Biron, Regina Demers (fille de Télesphore, fils, et Lucienne Deschenes Demers), Henriette Lamontagne Demers, Télesphore Demers, fils, Télesphore Demers, père. Première rangée : Marie Deschenes (sœur de Lucienne), et Lydia Demers (fille de Télesphore et Lucienne) . Vers 1915-20, endroit inconnu.
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Nous visitons la propriété de Télesphore, elle est assez bien bâtie et possède un bon magasin de campagne attenant à la maison. À sept heures du matin, nous assistons à la messe. Le dehors de l’église est assez propre, mais l’intérieur n’est pas fini. Le plan de l’église date de vingt ans. J’ai pressé la main des plus anciens colons de La Doré, les Messrs Paré, Belanger, et Coulombe. Nous avons marché jusqu’à neuf heures et quinze minutes [de l’]avant-midi. Nous sommes allés visiter les places les moins avancées. À une heure de l’après-midi, nous sommes
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allés à la pêche à seulement cinq minutes de la maison. Nous avons trois livres et trois quarts de truite. [Une] a cassé notre ligne, [mais] nous [l´]avons pris[e] aussitôt. Elle avait encore l’hameçon à la gueule. À quatre heures et trente minutes dans l’après-midi, nous sommes de retour, et on s’empresser de mettre les poêles au feu pour faire frire le poisson pour le souper. Après souper, il était six heures du soir, nous avons travaillé au trottoir de la fabrique. À dix heures du soir on se met au lit.

Le 11 juin. [Ce] matin le temps est sombre et froid.
Nous avons continué de travailler au trottoir de la fabrique jusqu’à midi, après quoi, nous avons pris le parti d’aller faire un tour de pêche. À deux heures de l’après-midi, nous sommes rendus à la rivière. La pêche est fructueuse, nous avons fait un bon souper à la truite chez Télesphore Demers, mon neveu. Le temps a été bien chaud tout l’après-midi, mais sur le
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soir, le temps se refroidit un peu.  
Nous avons passé la soirée et la nuit chez mon neveu. Laissez-moi passer une petite remarque ici. Le beau pays du Lac Saint-Jean est agréable à visiter, mais je trouve que les « cabinets d’aisances » ne sont pas confortables. Ils sont installés en arrière des granges, à la belle étoile, ayant pour toutes couvertures « le beau ciel bleu ».

Juin le 12. Il fait bien chaud ce matin, un soleil brillant.
Nous prenons le bon air à l’ombre. À deux heures de l’après-midi, nous sommes allés prendre une marche au moulin à scie. À sept heures du soir, nous sommes de retour chez Télesphore. À neuf heures du soir, notre valise arrive à La Doré.

Juin le 13. Le soleil est bien beau et bien chaud encore.
Ce matin à sept heures nous assistons à la messe et à dix heures nous nous mettons encore en route pour la pêche, après quoi nous sommes allés faire une visite dans les champs. Nous avons vu de bien belles prairies de trèfle
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et nous avons vu les premières fleurs. Le temps se tient toujours chaud et les moustiques, les maringouins « se disputent » notre vieille peau. Ils sont bien agaçants.
Nous avons vu un pauvre vieux garçon en voiture « originale » fabriquée à la manufacture du « grand-père Adam »  traîné par un boeuf attelé comme un cheval. Nous voyons un gros feu de forêt dans Saint-Prime qui se trouve à une distance de quinze à vingt milles. À neuf heures du soir, nous voyons encore la lueur de feu. À dix heures du soir, nous prenons notre chambre. Télesphore et Lucienne travaillent encore.

Juin le 14. Le temps est encore beau.
À huit heures, les paroissiens commencent à arriver pour la messe comme on voit partout en Canada, [les] voitures bien montées. Après la messe, [il y a une] vente d’un petit cochon à l’encan pour les âmes du purgatoire, voilà qui nous fait rappeler le vrai Canada. Nous voyons du feu de forêt à cinq milles d’ici. La boucane
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obscurcit le soleil par intervalle. À deux heures [de l’]après-midi, [il y a] un cortège de sauvages, trois voitures se paradent dans le village. Nous sommes allés faire une visite à trois milles du village. Dans le cours de l’après-midi, nous voyons de bien belles terres planches et de belles prairies de trèfles.
Télesphore Demers, mon neveu, ainsi qu’un couple d’amis, sont venus passer la soirée avec nous autres. Lorsqu’ils sont parti à neuf heures du soir, il pleuvait. À dix heures, on se met au lit.

Juin le 15. Temps sombre, on voit de petite mare d’eau de place en place dans les chemins.
Télesphore va au moulin à scie se chercher un mai afin de l’installer à sa porte pour l’ouverture des quarante heures. À huit heures du matin, nous en faisons l’inauguration. À neuf heures [de l’]avant-midi, nous assistons à la grande-messe après quoi ce fut l’ouverture des quarante heures. Il y eut [un] sermon prononcé par M[onseigneur] l’Évêque dans l’après-midi. Nous sommes allés faire une
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visite au Saint-Sacrement et à sept heures du soir, [ce fut la] prière et salut du Saint-Sacrement.

Juin le seize. Le temps est bien froid ce matin.
Il nous faut mettre nos pardessus pour aller à l’église entendre la messe. Tous les cultivateurs arrivent gelés et entrent prendre un peu de chaleur du feu. La maison est encombrée. À dix heures du matin les dernières voitures partent. Le temps, c’est un peu réchauffé.
À midi, ma femme a mal aux pieds, [et] à deux heures [de l’]après-midi, elle a beaucoup de difficulté à marcher. À quatre heures [de l’]après-midi, elle prend un peu de mieux. À neuf heures du soir, elle est assez bien.

Juin le dix-sept. Le temps est clair et froid.
Nous assistons à la fermeture des quarante heures. Au sortir de l’église, j’ai pressé la main d’un vieux colon, M. Paquette, né à Saint-Étienne. C’est un voyageur et un grand parleur. Nous avons conversé longtemps ensemble. À deux heures [de l’]après-midi, je travaille de mon métier.
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Je pose du bardeau sur une chède à bois. Le temps est sombre et se réchauffe.

Juin le 18. Beau temps, claire avec gros vent du nord-est.
À sept heures du matin, j’assiste à une messe comme j’en avais jamais entendue. Dans le cours de l’avant-midi, j’ai continué de poser du bardeau. À une heure [de l’]après-midi, nous allons au moulin à scie débiter des croûtes pour du bois de poêle. À six heures du soir, nous sommes de retour. Le temps a été beau toute la journée mais toujours avec un gros vent.

Juin [le] 19. Le temps est sombre et chaud.
À sept heures et trente minutes du matin nous avons assisté au service anniversaire d’une jeune femme de la paroisse. À huit heures et trente minutes, nous avons un bon orage de pluie et à dix heures le temps se remet au beau, nous voyons le soleil par interval[le]. Nous sommes allés faire une visite au presbytère. J’ai payé trois piastres pour une messe recommandée par
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Mme P. Richard de Sanford, Maine. À partir d’une heure et trente minutes jusqu’à cinq heures de soir, il fait une pluie battante avec un peu de tonnerre. Voyant le temps favorable pour prendre un peu de repos, j’ai pris le parti d’aller me coucher quelques minutes. Je ne sais pas si c’est le tonnerre qui m'ait empêché de dormir, je [n’]ai dormi que trois heures et demi !
À six heures du soir, il vient de petites averses de temps à autre.

Juin le 20. Le temps est brumeux, mais à six heures le soleil se montre bien chaud, mais se cache par intervalle.
À dix heures et vingt minutes, je termine mon ouvrage au bardeau et nous commençons les préparatifs pour la procession - décoration, sapin et balises. À six [heures] du soir, nous recevons deux lettres, une venant de Sanford, Maine, et l’autre, venant de Saint-Fortunat.

Juin 21. Temps nuageux.
Nous assistons à la grande-messe. À la suite de laquelle se fut la cérémonie de la
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procession au dehors. À midi, nous décidons de partir le lendemain pour Saint-Eleuthère. Nous expédions notre valise de suite de Roberval. À deux heures de l’après-midi, Télesphore Demers qui réside au moulin à scie [note : c'est le neveu] vient nous chercher pour aller leur faire un dernière visite. Nous sommes allés visiter la terre d’Alfred Théberge [note : le mari d'Eugénie Dermers, une fille d'Honoré Demers] qui est magnifique à contempler. Le soir, il y eu fêté à la tire au sucre d’érable et partie de cartes. Il était minuit lorsque nous avons pensé de se mettre au lit pour la nuit.

Juin [le] 22. Il fait un beau temps clair avec un gros vent.
À midi, nous laissons Notre-Dame-de-la-Doré pour se rendre à Roberval. À quatre heures nous sommes rendus à Saint-Félicien, et à six heures nous arrivons à Saint-Prime. Nous voyons de beaux jardins, joli village. Ils sont à construire une magnifique église en pierres de rang. À sept heures et vingt minutes du soir, nous sommes arrivés chez M[me]. Louis Moreau, autrefois Mme Hyacinthe
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Vien.  Ils nous reçoivent comme de grands-parents. Durant la soirée, nous repassons plusieurs sujets. Nous nous rappelons le temps qu’elle demeurait avec nous autres à Sanford. Elle nous parle de l’héritage de son petit garçon, Olivier Vien. Nous parlons jusqu’à minuit, après quoi nous prîmes le parti de se reposer.

Juin [le] 23. Le temps est beau.
Mme Moreau nous fait manquer le train en ne nous renseignant pas le changement des heures de départ. Le train laisse Roberval à sept heures au lieu de huit et quarante minutes. Nous avons visité la terre de M. Moreau. C’est bien beau de voir de si belles terres. Dans l’après-midi, nous sommes allés visiter la pointe Bleue Réserves des Sauvages. C’est la plus belle pointe de Roberval. À quatre heures de l’après-midi, Télesphore nous a laissé pour retourner à la [La-]Doré. À six heures du soir, le temps est sombre. À neuf heures du soir il mouille.


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