A family history blog in French and English

Sanford-Springvale, Maine, Railroad Station, early 1900s. Collections of the Sanford-Springvale Historical Society.

Tuesday, February 11, 2020

Les Notes de Voyages européens de Edmund Demers : De Boston à Luxembourg



 Edmund Demers, à gauche, en tant que jeune professeur 
visitant l'Université de Yale, v. 1955..
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Préface

C’est à la fin de l'année scolaire au printemps 1956 au Clarke College, une petite université de femmes catholiques à Dubuque, dans l’Iowa, lorsque Edmund Demers, 36 ans et professeur d'art, préparait ses bagages et sa voiture pour le long chemin à sa ville natale de Sanford, Maine, un trajet de presque 1 500 milles. Mais il ne restera pas chez ses parents très longtemps, seulement une semaine, avant de prendre un autobus à Boston et puis un autre à Montréal afin d’embarquer à bord de Castel Felice, un paquebot qui le mènera au Havre en France. Ce devait être son premier voyage en Europe, où il espérait pouvoir visiter des sites culturels pour améliorer sa connaissance de l'art, en particulier en les sujets de la peinture, la sculpture et l'architecture, et sa capacité à l'enseigner.



 Edmund, peut-être avec sa propre voiture, en visite à la baie de Chesapeake
à la côte Est des États-Unis. L'hiver, v. 1955.
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Pendant presque tout son voyage, Edmund écrira des notes de voyage comme ceux que son grand-père Télesphore Demers et sa tante Odelie Demers ont fait lors de leurs voyages, respectivement, de 1908 et 1898 au Québec. Contrairement à Télesphore et Odelie, pourtant, Edmund a pris un appareil avec lui et a réalisé des diapositives en couleur. Toutes ses tentatives avec l'appareil photo n'étaient pas couronnées de succès, mais beaucoup l'étaient, et il en avait encore plusieurs en sa possession, dont certaines sont comprises dans cette poste. Pendant le voyage, il a fait des dessins en encre et gouache. Un de ceux est inclus dans ce poste.


Comme le témoignage de son grand-père et sa tante lors de leurs voyages et malgré le fait que le voyage d’Edmund ait été pris seulement il y a environ 60 ans, le journal d'Edmund décrit un monde bien différent de celui d'aujourd'hui: les voyages en paquebot à l'Europe plutôt qu'en avion; des pays qui se remettent encore de la Deuxième Guerre mondiale; le nombre relativement faible de touristes américains, en particulier dans les régions moins peuplées en dehors de Paris et d'autres grandes villes; l'utilisation des devises nationales (le franc français, le mark allemand, la lire italienne) plutôt que l'euro; et les communications limitées, principalement par télégramme et courrier à destination et en provenance des États-Unis et de l'Europe, et au sein de l'Europe elle-même. Et à plusieurs reprises au cours de son séjour dans le sud de la France, il donne des indices du profond engagement militaire et politique de la France en Afrique du Nord, notamment en Algérie.

Les notes sont écrits presque entièrement en anglais, mais plusieurs longs passages ont été écrits en français. (Edmund possédait couramment le français et l'anglais et avait étudié un peu l'allemand et l'italien pour ses voyages en Allemagne, en Suisse et en Italie.) Les entrées écrites en français sont en caractères italiques. Le texte entre parenthèses est dans le texte original. Le texte entre crochets sont des mots que j'ai ajoutés au texte pour améliorer l'expérience de lecture ou pour donner de brèves explications. J'ai essayé de garder ces ajouts au minimum.

Cet article contient des notes qu'Edmund a conservées depuis le début de son voyage jusqu'à ce qu'il quitte la France et le Luxembourg pour visiter l'Allemagne. Les entrées proviennent de deux cahiers, que j'appelle les petit et grand cahiers. Jusqu'à son arrivée en France, toutes ses entrées étaient dans le petit, ensuite presque toutes ses notes étaient écrites dans le grand, mais pour quelques semaines il y a une melange d'entrées de la deux. Les numéros en crochets indiquent les numéros de page dans les deux cahiers. Ses notes au début du voyage sont très courtes, saccadées et souvent en phrases incomplètes, mais quand il arrive en France elles sont plus complètes et plus descriptives.
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Note:  All material in the post, images and text,
are protected under the copyright laws of the United States.
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De Boston à Montreal, Le Havre, Rouen, 

Laon, Amiens, Reims, Strasbourg et Luxembourg

11 Juin à 4 Juillet 1956 

[Des notes du petit cahier]

Lundi, le 11 juin

L’autobus de Boston part pour Montréal à 11:15 p.m (12:15 heure normale de l'Est). J’ai vu en Cinerama [note: un nouveau type de projection de film], The Last Act of the Saint of Bleeker Street à la Fête de l’Art.

Mardi, le 12 juin

Je suis arrivé à Montréal autour de midi. Il y avait trois gars à bord l’autobus de Luther College prenant un grand tour d’une dizaine de pays; des gentils garçons, un est un étudiant en musique.

Nous tous prenons un taxi. Le chauffeur de taxi était néo Canadien nommé Goldman. Il parle un beau français parisien et nous emmène au Quai 45. C’était assez loin et nous pouvons seulement déposer nos bagages. Après une soupe aux légumes à la hutte de dockers, je suis allé au centre-ville par trolley. J’ai acheté des chaussons, un magazine, et deux livres de phrase, italien et allemand. Le centre-ville de Montréal est en amélioration. 
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Le paquebot Castel Felice accostait au Havre, en France.
Il semble que le paquebot à l'arrière-plan est l'Ile de France.
Septembre 1956.
(Photo par Edmund Demers)

Le Castel Felice qu'Edmund Demers a embarqué au Quai 45 du port de Montréal pour se rendre au Havre, en France, en juin 1956. Le passage prendra 10 jours. Edmund reviendra sur le même navire, mais débarquera à New York plutôt qu'à Montréal. Pour plus d'informations et de photos du navire, voir: https://en.wikipedia.org/wiki/Castel_Felice. 
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Il y a beaucoup de monde qui bougent et socialisent. Des sandwichs, du café, et du jus d’ananas étaient servis. On est parti à quatre heures et a passé Trois Rivières au mi-matin. L’équipe est italienne et allemande, ce qui est bon pour la pratique de la langue. 


[1]

J’ai embarqué sur le navire à 8 heures du matin. La formalité du contrôle de passeport et du billet est vraiment très brève. Les bagages étaient déjà à bord dans la cabine. Ils sont six à chaque cabine avec la bassine de lavage et le hublot. La cabine est au milieu du navire sur le pont B. En tout, une location très désirée et largement supérieure au dispositif pour les G.I.s [note: pour le transport de soldats, comme Edmund avait vécu vers et depuis l'Inde pendant la guerre].  J’ai déposé l’appareil de photo et de l’argent au commissaire de bord. J’avais acheté des francs à Montréal, mais pas les vraies petites dénominations, comme je les avais voulues. 

[2]

Des lettres et télégrammes m’attendent : W. Funk, M. L. Barry, S. Thomas, la Sœur J. Thérèse, C. Gordan, Rossi, Nancy, Craighead, et Dieter.

Mercredi, le 13 juin

J’ai eu un coup de soleil. Aujourd’hui, il y avait beaucoup de confusion, déplacement, et bons repas. 

Jeudi, le 14 juin

Nous sommes au-delà de la vue de la terre. J’a assisté à la messe et reçu la communion à sept heures. C’est très froid et le vent est fort. J’ai resté à l’intérieur et lu et parlé. J’ai rencontré une variété d’enseignants et étudiants amicaux. Trois voisins de table ne sont pas très bons.

Mercredi, le 20 juin

Ce fut une traversée très calme, une brume légère la plupart du temps et peu de soleil. Quoique je ne les ai pas vu, 
[3]

beaucoup de bons films sont montrés: Julius Caesar, From Here to Eternity, The Detective, et Mr. Roberts, mais aussi un couple de guimbardes : Battle Cry et The Sigmund Phomerg Story.

Lectures were organized on ship: language classes, orientation, etc. Most of them I found not too informative, but I did hear a very good talk on French politics by a professor from [the] University of Colorado.

Des présentations étaient organisées à bord du navire : de cours des langues, l’orientation, etc. La plupart je ne les ai pas trouvés très informatifs, mais j’ai entendu une très belle présentation sur la politique française par un professeur de l’Université du Colorado. 

La nuit dernière était la fête d'adieu sur le navire. C’était une soirée de gala, avec du vin servi à la table, plusieurs fêtes d'anniversaires célébrées avec des gâteaux avec des chandelles allumées étant escorté à la table, et avec musiciens et les lumières tamisées. Il y a beaucoup de chant.


[4]

Le tout est suivi par une grande danse. La salle de bal était décorée avec des fleurs de papier, c’était très italien avec raisins en carton au-dessus du bar. J’ai rencontré quelques filles intéressantes, mais je me suis couché assez tôt.

Aujourd’hui, nous voyons la côte anglaise et accosteront probablement à Southampton ce soir.

Jeudi, le 21 juin

Nous arriverons au Havre dans l’heure et débarquerons au lever du jour. Nous sommes très chanceux aujourd’hui d’avoir eu deux heures à terre pour visiter le sol d’Angleterre. Southampton est une belle ville, très propre, et avec des ruines normandes complètes, des vieilles, belles maisons de Tudor et Renaissance. J’ai pris quelques photos. Le temps était nuageux,


[5]

donc je n’en ai pas pris beaucoup afin de pouvoir prendre des photos plus soigneuses sur le continent. L’Angleterre semble très charmante, et son peuple est très poli et amical. Beaucoup de langue allemande est parlé à bord du navire, aussi un peu de français. Nous avons un bon souper ce soir, de la soupe (minestrone), du poisson, du poulet bouilli avec riz, strudel à la pomme et fromage. Le Caine Mutiny sera montré. J’ai pris une photo du Queen Elizabeth quand il est sortie du Havre. C’était trop long de tenir dans l’ouverture de l’objectif !
[6]

[Des notes du grand cahier]

Vendredi le 22 juin

Sur le train pour Rouen après plusieurs milles de tourisme au Havre. C’est assez évident qu'une impressionnante quantité de nouvelles constructions étaient terminées et en progrès lorsque nous sommes entrés au port au crépuscule de la soirée.  Mais le plein impact de l’énorme restauration était plus frappant quand on la vue de près. 

Après une attente ennuyeuse et sans apparent motif, nous sommes débarqués sans aucun problème de tout avec le douanier. J’ai marché à la gare centrale pour le transport à Rouen. Il n’y avait pas de train avant 15:45, et, bien sûr, il était seulement à neuf heures. Des affiches annonçant un grand événement à Rouen à propos de Jeanne d’Arc et la réouverture de la cathédrale, etc, m’a fait décider d’aller là d’abord plutôt qu’à Amiens. 

Je suis retourné au bureau du après avoir déposé mes bagages à la gare. (Comme j’écris dans le train maintenant, je suis en conflit entre regarder le paysage et écrire ces impressions alors qu’elles sont toujours fraîches.  Il s'agit d'un « Autorail » rapide comme la voiture Portsmouth-Boston Budd (note : un wagon auto-motorisés].

[1]

Le billet coûtes 545 franc, environ $1.75US. 

Retournant au sujet, j’ai demandé à propos de nouvelles églises et j’ai entendu parler sur la nouvelle église de Saint-Joseph. Perret  [Auguste Perret, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Joseph_du_Havre] est un des co-architectes. Sa flèche est la plus haute tour dans la ville, étant presque égale de celle de l'hôtel de ville. Tout le centre-ville était pulvérisé dans les bombardements avant les débarquements. Le tout est en train d’être construit de magasins, appartements, etc., dans un style les plus modernes.

Ce sera vraiment extrêmement beau. Beaucoup d’unités sont utilisées dans la construction, comme des portes et cadres de fenêtres, des blocs de ciment, etc. C'était tout ce que je pouvais faire pour ne pas prendre tout mon film ici; comme ça, j'en ai pris beaucoup.

Samedi, le 23 juin

Matin. Un café et croissant pour le petit déjeuner. Je lis le journal Paris Normandie une description du Grand Cortège de 1600 heures et le spectacle de ce soir. [Note: les mots en italique étaient écrits en français par Edmund dans le cahier.] Le temps est assez nuageux avec la brume et bruine de temps en temps. J’espère qu’il deviendra clair.

Les nuits sont très fraîches, vraiment comme au Québec. Les gens vont et viennent au café. Et des expressions comme pas, rien que, veux-tu, la prononciation est exactement comme les Canadiens-français. Autrement, la langue parlée est bien différente, étant articulée plus fortement et avec un « R » guttural.

[2]

Apparemment, j'aurai du mal à tout enregistrer au fur et à mesure . . . .

Le paysage en quittant Le Havre n’est pas très formidable, plus d'arbres et paysages boisés que j’avais imaginés. Des choses améliorent alors que nous entrons dans la vallée de la Seine. Des petites villes, industrielles, dans les vallons. Il y a une entrée dramatique à Rouen, ce qui est formidable. J’ai laissé mes bagages à la gare et je suis allé en direction de la Syndicats d'Initiative [la Chambre de Commerce]. Il me dirige de l’Hôtel de la Rochefoucauld. 550 francs la nuit, vers $1.75US. Quelques hôtels servent le petit déjeuner en chambre avec des frais un peu plus élevés, bien sûr. L'ambiance ici, c’est bien comme celle de ma vieille pension de famille à 44 rue Sainte-Geneviève à Québec [note : le demeure d'Edmund en 1951-52].

Il y a un aspect du goût français qui coure au milieu du Canada français, faisant un lien avec ce pays. Le même amour pour des parquets brillants, polis fortement ; les couleurs de chamois, jaune, ocre, terre de Sienne, terre d’ombre ; les sols de carrelage; l’amour du cristal, des miroirs, du chrome, de l'argent, du velours, de la soie et le tout qui est brillant et élégant. 

J’étais surpris du tempo, pas de tout tranquille. Tout le monde est en motion rapide, avec détermination. Bien sûr, ils sont toujours des gens aux cafés. La vitesse de la rue est comme celle de Québec. Le café est un endroit très pressé. C’est un centre du voisinage pour un bref arrêt pour des journaux et du café ou du vin ou un apéritif. 





Scène de rue à Rouen, juin 1956.
(Photo par Edmund Demers)
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[3]

[Note: Les paragraphes suivants sont les premiers écrits dans les cahiers par Edmund en français. Tout au long du "grand" journal, Edmund écrit occasionnellement en français. Ces paragraphes sont indiqués en italique.] 


Charmante visite à la tour de Jeanne d’Arc. [Le] Gardien, [un] ancien combattant très animé et intelligent, nous raconte le légende du cœur de Jeanne qui fut jeté dans la Seine et flottait jusqu’au Canada pour faire jaillir la Patrie Canadienne. [Il a parlé] aussi  [de] la Gestapo et les patriotes, [comme un] parallèle du procès et supplice de Jeanne dans cette tour même. (Une pomme, 45 F.)


[3]

[Les entrées suivantes sont du "petit" cahier.]

Samedi, le 23 juin, Rouen

Il y a beaucoup de grosses affaires à cette ville sur l’anniversaire de Jeanne d’Arc, 500 ans. [Note : L'anniversaire de son nouveau procès et de son acquittement pour hérésie en 1456.] C’est une belle ville ! Je reste à l’Hôtel de la Rochefoucauld à 550 francs la nuit, un souper complet est disponible

[6]
au même prix. Je resterai ici pour la fin de la semaine. 

Il y a la procession comme d’habitude un défilé, avec des perruques, etc. J’ai essayé de prendre des photos, mais j’étais à une mauvaise place, et le soleil est là, puis caché.
[7]

[Les entrées suivantes sont du large cahier.]



[Dimanche, le 24 juin]

[J’ai] fini la messe à St-Romain, [une] basse messe, [une] belle église, ancienne, un peu négligée. Nous attendons l’arrivée du Président de la Republique [Réné Côté]. La garde Républicaine est montée à cheval avec [des] splendides uniformes et casques.

Hier (samedi 23) le grand cortège de Jeanne d’Arc me permet d’observer le peuple français, ou du moins le type Normand. On remarque du monde de toutes tailles, de tous teints, mais le type blond, yeux bleus, et aux joues rouges [sont vu souvent] . . . La famille Rivard [note: la famille de sa sœur et beau-frère, Claire et Paul Rivard] a son double ici.



Les familles Demers et Rivard, York, Maine, v. été 1954.

De gauche à droite: le père d'Edmund, Odias "Pete" Demers, son neveu Paul Rivard, Jr., sa grand-mère Rose Ida Dionne, son beau-frère Paul Rivard, Sr., son neveu Donald Rivard, sa sœur Claire Demers Rivard, et Edmund. Probablement, sa mère, Éva Dionne Demers, a pris la photo.
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On s’habille avec beaucoup de variétés, mais les couleurs voyantes sont rares. Les chapeaux de feutre sont très rares chez les messieurs. Il y a plus de bérets, mais presque tout le monde va nu-tête. 

Barbes de tous genres, c'est assez commun, et ce n’est pas exclusivement chez les artistes et les bohémiens. Il y a des nègres, très noires, des Annamites et personnes de sang mixtes ici et là dans la foule.


[4]

J’ai pris des types pittoresques pour gitanes, mais ce sont des Algériens [qui sont] répandus un peu partout ici et là dans la France.  Il a fallu attendre au moins une heure et demie pour l’arrivée du cortège. La patience et le bons sens de la foule me firent une impression très favorable. Les petits enfants sont très bien élevés, pas de crises de larmes, pas de couroyage [sic, peut-être il veut dire « course »] ici et là. On remarque que le régime Français doit être sain, l'obésité est très rare; on paraît tous en bonne santé.

Le café très noir qu’on prend le matin est délicieux. Pour le petit déjeuner, il n’y a que des croissants, [une] sorte de biscuits millefeuilles.

Retournons au cortège. Je me suis placé devant la cathédrale. Malheureusement, le cortège n’a pas pris la route que je m'attendais. Aussi, le soleil brillant un instant, se cachait derrière des nuages sombres aussitôt, et j’étais trop proche. Tout ce qui veut dire que les photos prises ne seront peut-être pas formidables. 

Quand un chevalier tout splendide en noir s’approche, quelqu’un dit, « Il a perdu sa belle-mère, celui-ci, il est en deuil ! » Un autre en costume moyenâgeux regarde une caméra et s’écrie, « C’est une mitrailleuse ! »


[5]

L’apparence des évêques et des moines avec leurs perruques et leurs mines peu ecclésiastiques amusent la foule.

La musique était belle, mais j’étais vraiment trop loin pour l'apprécier à plein, mais les feux d’artifice, c’était véritablement un chef-d'oeuvre. La variété et la disposition des pièces avaient une subtilité et délicatesse telles que je n’ai jamais vu. Et les spectateurs regardaient comme contemplateurs une oeuvre d’art plutôt qu’un divertissement ou « entertainment » comme une foule américaine l’aurait fait. 

Monsieur le Président de la République [René Côté] est arrivé dans un défilé avec autres fonctionnaires, accompagnés de la garde Républicaine. [Il y a des] applaudissements de la foule. Cette après-midi, [c’est la] réouverture de la cathédrale. [Le] temps [est] nuageux, dit “crachins Bretons.”
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Des vues de la Grande Procession











Scènes près de la cathédrale du "Grand Cortège"
célébrant le 500e anniversaire de Jeanne d'Arc et la réouverture de la Cathédrale.
(Photo by Edmund Demers).

Voir une vidéo de l’événement à : https://www.youtube.com/watch?v=JRn6b3nnaxw
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[6]

Lundi, [le 25 juin]

En 2ème [classe] vers Amiens. Le paysage normand [est] très vert, un peu monotone. Les « hedgerows [bocages] » qui entourent chaque champ ne permettent pas de voir très loin sur cette belle terre plutôt plate. On voit des anciennes maisons, telles que sur l’île d'Orléans [au Québec], [avec] toiture[s] en paille. [Note: Il dessine un croquis d'une maison ici.] À l’autre bout de la voiture, il y a un groupe de jeunes soldats. Après le déjeuner (on prend le petit déjeuner le matin) du pain, jambon et vin, on joue de la musique, [ils] chantent, font des folies. Assez souvent, on entend “moué” pour “moi”, [et] “paw” pour “pas”. Les sièges sont très confortable, mais les fenêtres d’un côté étant fixes, on doit souffrir de chaleur d’été.





Sketch of a thatched-roof house in Normandy like those on the Isle d'Orleans in Québec.
From Edmund's large journal.

Un croquis d'une maison en paille en Normandie comme celles sur l'Ile d'Orléans au Québec.
Du grand cahier d'Edmund.
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Il est le 25 juin, [mais] un habitant est rentré avec une sorte de gilet, portant un gros manteau à col de fourrure. Les hommes portent des pullovers ou vestons, on a horreur des courants d’air. Évidemment, on est une race de frileux.

Mardi, le 26 juin

Je me suis levé de bonne heure pour attraper avec caméra [sic, appareil photo] les belles 


[7]



choses dont la température nuageuse m’avait empêché. J’ai payé mon tarif d'hôtel, 2 000 F avec pourboire pour la fille de chambre. On dit qu’Amiens c’est moins beau que Rouen, et je peux le croire ! Grande-messe à la cathédrale ce matin. J’ai vu défilé des cardinaux, évêques, et monseigneurs, [un] spectacle imposant. J’ai manqué la façade de St Ouen et de la cathédrale. Le soleil n’était pas favorable. Je pourrais toujours retourner.

Des petites fleurs dans les champs, des vaches. Des petites gerbes et légumes commencent à apparaître. Le fruit est horriblement cher, une banane 60 F, [une] poire 8.  [Un] sandwich jambon 75.



[8]

[Des notes du petit cahier]

Mardi, le 26 juin

Laon est une ville perchée et pittoresque. On dit qu’une base d’avion américaine est près d’ici. Je demeure à un gentil hôtel et resterai un jour ou deux. J’ai fait laver des chemises et je vais probablement me mettre au croquis si je peux acheter des matériaux correctes. Le coût de l’hôtel ici est 600 francs, 600 pour le repas, et service (il doit être environ 200), pour un total de 1400 francs le jour, ou environ $4.00US. Le climat est beau ici, toujours frais à l'intérieur et une belle lumière de soleil.]

[Des notes du grand cahier]

6 heures (18:00). Je pars pour Laon. La cathédrale d’Amiens est vraiment magnifique ! Je prends des belles photos de l'extérieur, et j’ai tenté plusieurs à l'intérieur, ce qui est vaste. Il n’y a qu’un groupe de vitraux dans une chapelle absidale qui est riche en couleurs. (Elle est moderne.) Cela suffit pour nous indiquer ce que pourrait être la cathédrale, il y a aussi des détails, 


[8]

statues, etc., de la Renaissance, Baroque ou Rococo, particulièrement le maître-autel qui devrait endurer « être enlevé » comme le furent maintenant d’autres objets qui encombraient la cathédrale jadis.

Elle a perdu l’entourage de vieilles maisons qui donnent à Rouen un aspect plus authentique. Mais il y a plus d’espace pour une perspective plus imposante. La façade est merveilleuse ! L'intérieur [est] très bien illuminé.

Amiens, d’autre part, est très peu intéressant. Des nouveaux bâtiments par Perret, qui comprend une tour d’Amiens qui manque totalement d’inspiration. Les îlots, (tels qu’on appelle les “appartment houses”) sont banals et purement traditionnels. On est en train de construire une nouvelle gare. On n’emploie que de petits groupes d'ouvriers et la construction marche d’un pas très lent. Grandes sections de la ville [et les] maisons de brigue [ont] un [regard du] 19ème siècle, d’un aspect sombre, industriel. 

Je n’ai aucune idée quelle sorte d'hôtel m’attend à Laon, ni quelle sorte [de] ville elle est; je pense qu’elle est plus petite que celles que j’ai visitées. 


[9]

On passe un pays marécageux où les Picards cultivent des légumes à la Xochimilco [de la ville du Mexique]; [on voit des] petits canaux [et] canoës. 

Dû aux pauvres connexions à Tergnier, j’avais dû passer la nuit à l’Hotel des Nations. C’est une laide, ennuyeuse ville industrielle, plus propre mais beaucoup plus lugubre que le nôtre. [Note : Edmund réfère probablement de sa ville natale, Sanford, Maine, ou généralement aux villes manufacturières de la Nouvelle Angleterre.] Un hôtel bizarre, mais un dîner délicieux. De la soupe, du bifteck et du macaroni, de la salade, du fromage, du dessert, du vin, et de la chambre pour 962 francs, en bas de trois dollars américains. Laon est environ une demi-heure d’ici, mais je ne peux pas y arriver avant midi, environ. Une petite ville française est incroyablement silencieuse le soir. Excepté plusieurs mecs dans les cafés, il n’y a pas personne. Les rues sont désertées sauf, de temps en temps, une motocycle.

J’ai eu mon premier contact avec des fonctionnaires français. Le contrôleur a regardé mon billet après je suis embarqué pour Laon. « Il est périmé ! », il me dit. Apparemment, j’aurais dû le faire valider à la station. Le fait qu’un étranger ne le sait pas probablement qu’il ne suscite pas aucune sympathie.  


[10]

J’aurais dû payer un autre 180 francs.

La cathédrale, située ici en haut d’une crête, est vraiment impressionnante. L'intérieur est très simple et beau. Je dépense deux [Note: un mot obscur, peut-être  « guineas », qui doit être argot en anglais américain dans l’époque pour piècessous] pour une carte qui montre la cathédrale. 


[11]

[Des notes du petit cahier]

Mercredi, le 27 juin 

Une journée calme pour faire les dessins. J’ai pris plusieurs photos de la vieille église de Saint-Martin.

Ce soir, j’ai eu un potage, une bonne côtelette de porc, du fromage. Ce n’était pas exceptionnelle pour 600 francs ; le vin était de plus, aussi.

Il y a des bonnes librairies, au moins deux dans cette ville de 20,000. Je souhaite que je pourrais acheter librement, mais les coûts semblent très hauts. Je verrai de quoi on peut avoir en Autriche et Italie.] 


[7]

[Des notes du grand cahier]

Mercredi, 27 juin

J’ai un pied fatigué aujourd’hui, donc j’ai décidé de ne pas voyager beaucoup et de dessiner. J'ai acheté des fournitures d'art et un Guide Bleu hier soir.(Le Guide Bleu est un guide touristique pour les motorisées qui a beaucoup d’informations à propos des hôtels et des restaurants, ainsi que des informations sur l’histoire et les arts.)

Les peintures sont des gouaches et j’ai fait un petit croquis, mais pas dans la façon que le médium aurait été utilisé. J’ai la tendance d’appliquer trop d’aquarelle. Les brosses, papier et peints ne sont pas tous chers, des vêtements aussi, mais de la nourriture sont un peu plus chère. Mais cela n'est probablement que naturel compte tenu du système élaboré de commercialisation, de choix et de préparation (et de service) des aliments.

Quand je faisais un croquis cet avant midi, un homme m’a approché


[11]

et m’a parlé. Il est ingénieur et artiste de peinture non professional.  Le jugement et goût des artistes non-professionnels me semble les mêmes dans le monde entier. L'art non-représentational est pour les fous, selon lui. Après un sandwich et du vin, j’ai fait quelques croquis à l’encre dans l’après-midi. Malheureusement, le stylo plume ne prend pas l’encre de l’Inde très bien. 




Mur de Laon, France, June 1956.
Encre sur papier. 8 par 11.5 pouces. 
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La vue aujourd'hui.

(Photo par Pierre Poschadel)
(Licensed under the Creative Commons:
CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0))

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Je viens de ruiner quelques bonnes photos par enlever trop tôt l'arrière de l’appareil. Je pense que je l’ai maintenant fixé pour ne pas faire plus d’erreurs.                       

Je reviens du barbier, un ouvrier très appliqué. 192 francs pour [une] coupe de cheveux simple (sans rasoir avec « lather » [savon à barbe]); avec friction, 260 F, etc., etc. Deux Italiens qui viennent au pays pour la récolte de la betterave entrèrent pour acheter des lames de rasoir et un peigne.

Actuellement, je prends un grand café noir au buffet de la gare. Je pars à 11:00 [note: probablement 23:00] pour Reims. J’ai payé mon hôtel ce matin; addition de 4825 F. J’ai laissé 375 des pourboires.


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L'hôtel La Bannière de France [à Laon] est écrite dans tous les clubs majeurs du tourisme et auto-tourisme d’Europe. Chaque soir, alors, il y avait un nouveau groupe de clients suivant une route touristique quelconque. Ils partent de bonne heure le matin. [Les touristes y compris] américains, anglais, hollandais, [et] français, ils sont arrêtés ici.

Hier soir, j’ai pris le dîner de 900 F. Je vous assure qu’il y a une différence ! Après [une] truite meunière, des pommes (de terre) frites, et poulet; délicieuses, peut-être parce qu’elles sont cuites dans le beurre.


[12]

Je me suis assis au café hier midi pour mon sandwich au jambon et [une] carafe de blanc. Tout commerce s’arrête de midi à deux heures. Les cafés se remplissent et c’est une heure très intéressante. Deux jeunes filles étaient assises à la table voisine. Leur conversation et comportement étaient des plus intéressants. Bientôt un groupe de touristes hollandais est arrivé en car (autobus). [Ils sont] plus animés et plus naturel peut-être que les français.

Ensuite, un jeune prêtre arriva avec une charge


[13] 

de petits écoliers en autobus. Il était dans un éclat de grande excitation, mais on a pu trouver de la place pour tous les petits.  Cette période est certainement une des plus belles réussites de la civilisation française. Sans doute cette coutume et maintes autres s’accordent très mal avec les demandes des industries et des technologies modernes.

Quand je peignais en gouache la petite chapelle des Templiers (XII siècle) un capitaine de l’armée s’est approché. « Un des plus beaux coins de Laon, » dit-il. Il continua un peu, remarquant que cette scène fut peinte par d’autres auparavant. À peu près une heure plus tard, il est apparu avec un journal du mois de mars qui montrait une photographie d’un artiste italien peignant cette scène.

Je rentrai dans une église indifférente [c.-à.-d., pas remarquable] (édifiée en 1900), mais il y avait de grands vitraux colorés derrière l’autel, beaucoup de rouge; le sujet, le Christ est Ressuscité.


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[Des notes du small cahier]

Jeudi, le 27 juin 

J'ai fait du tourisme et des croquis et j'ai acheté un pull à col roulé pour 1650 F, environ 4,50 $. Mes croquis étaient meilleurs aujourd'hui. Je me suis un peu détendu.

Vendredi, le 28 juin? [Sic. Edmund semble perdre la trace des dates, mais c'était en fait le 28 juin.]

Il fait une tempête à Reims, une ville plutôt terne à la recherche de tout le monde comme le Back Bay à Boston avec le Commonwealth Avenue. La cathédrale est magnifique,


[8]

mais l'intérieur semble un peu sec, plus de vitraux pourraient le faire mieux, peut-être. [Il y a] un intérieur beaucoup plus impressionnant [que] du vieux Saint-Rémi, [avec un] style roman simple et puissant [et avec un] candélabre intéressant au-dessus de l'autel. [Note: Edmund fournit un croquis simple ici et il note sa dimension à 20 pieds.]

J'ai également photographié l'ancien arc de triomphe romain. Ils sont en train de fouiller l'ancien forum découvert par la guerre. Je vais probablement voyager en train ce soir à Strasbourg ou dans une autre ville près de la frontière allemande. C'est toujours frais, je ne voudrais pas [être] sans veste.

J'ai mangé dans un restaurant de chemin de fer typique et j'avais une bonne omelette bien garnie, et  du vin pour 1,98 $US plus pourboire. Toujours


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le coût de la vie est élevé. [Il est] très difficile d'obtenir un repas pour moins de deux dollars, mais le pays semble prospère et les chiens et les enfants se comportent bien. 


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[Des notes du grand cahier]

[Vendredi, le 28 juin]

Je suis arrivé à Reims et fait, immédiatement, le tourisme. Le temps était, de temps en temps, bon pour faire la photographie, mais j’en ai pris quelques bonnes. La ville semble tenir peu d’intérêt. J’ai pris le train pour Strasbourg, où j’écris ces notes à 8:30 AM. J’ai dû attendre trois heures pour faire la connexion à Épernay. Le train était tout plein à craquer, mais c’était intéressant de regarder les soldats et autres passagères. 

Il n’y a plus la troisième classe en France, ce qui le fait moins pittoresque et plus confortable. L’aube vient tôt. Le paysage de Nancy à Strasbourg est beau, un pays montagneux comme au Vermont et New Hampshire. Les villes présentent des petits hôtels touristiques qui ont un style alpinisme.  Le canal qui fait le lien entre le Rhin et la Rhône suit le chemin de fer de près, les petites péniches peuvent être vues fréquemment en naviguant sur les écluses. Jusqu’ici, Strasbourg semble comme une ville grouillante et florissante. L’allemand semble être parlé plus que le français. Les enfants sont en marche pour l’école avec leurs petits sacs de cuir sur l’épaule. 


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J’ai économisé une nuit dans un hôtel en voyageant pendant la nuit, ainsi je me trouverai probablement quelque chose d’un peu mieux aujourd’hui, et je reposerai un peu et prendrai aux mains encore le livre d’allemand. Je viens d’épuiser mes premiers francs que j’ai achetés au Canada et j’encaisserai le premier chèque de voyage aujourd’hui.

Les villes européennes de l'ère industrielle, les bâtiments de 1870-1940, sont également mauvaises comme les villes américaines: pas de place, l’air pollué, la grisaille, un décor prétentieux. Peut-être elles sont un peu mieux généreuses avec un petit monument ici et là, ou une fontaine ou jardin.

Les banlieues sont comblées avec les mêmes maisons en rangées monotones des mauvais desseins que celles de Baltimore ou Chicago. C’est en opposition aux vieilles villes où les bâtiments se construisent avec lenteur et avec une plus grande considération aux éléments humains.

Après la messe ce matin, j’ai fait du tourisme, lentement. Le musée est comblé avec des objets de l’histoire militaire et de la politique de Strasbourg, ce qui a été endommagé en trois guerres. Le temps n’est pas bon pour faire la photographie, c’est un vrai problème. Il y a beaucoup à enregistrer, on doit pratiquer une grande patience. 


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Les Alsaciens sont beaucoup plus directs et extravertis que les Français. Ils aiment manger et boire, mais [ils] sont un peu plus informels et, franchement, agréables. C'est une ville touristique formidable, de grands bus touristiques brillants d'Allemagne, de Hollande et de Belgique. Ce matin, les flottes des clubs Vespa ont commencé à arriver, notamment d'Allemagne et d'autres villes alsaciennes. Parfois, tous sont en costume comme nos clubs de moto. Cependant, ceux-ci sont composés de personnes de tout âges. Hier était extrêmement ensoleillé et lumineux, mais je pouvais porter mon « oreiller » avec confort. [Note : On ne sait pas exactement ce qu'Edmund entend dire ici. Il semble probable qu'il faisait référence à un vêtement de quelque sort.]  Aujourd'hui, il semble être plus nuageux.

Actuellement au restaurant, de 185 à 450F.  Il y a une serveuse bourrue du type inconnu (les serveurs sont toujours des hommes, en France proprement dit). Tout le monde est bilingue.

Quelqu'un m'a dit bonjour hier -?


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[Des notes du small cahier]

Lundi 1er juillet (?) [Sic, c'était en fait le 2 juillet]

Je suis dans le train pour Luxembourg. Il a plu toute la journée, alors j'ai juste fait un peu de visites et de balades dans les cafés jusqu'à 15h 46. C'est censé être un express qui m'emmènera au Luxembourg ce soir. Ce sera plus proche de certaines villes allemandes intéressantes que je veux visiter.

Mardi, le 3 juillet 

Le Luxembourg est une merveilleuse ville pittoresque. Il est entouré d'une gorge profonde et de pittoresques


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ponts menant à elle. J'ai rencontré des gens du paquebot. Il semble que toutes les visites touristiques atteignent cet endroit et que des G.I.s sont stationnés ici. Cela se traduit par des prix plus élevés que partout ailleurs. J'irai probablement à Coblence ou Bonn aujourd'hui après avoir pris quelques photos de la ville.

C'est le 4 juillet, me dit-on! J'ai acheté un billet pour Cologne, cela me permettra de voir Bonn et Düsseldorf, ce qui n'est pas la chose la plus pratique que j'avais faite (qui est d’aller  d'abord à Strasbourg), mais je veux voir si l'énorme abondance de marchandises et les nouveaux bâtiments joliment conçus ainsi que la prospérité apparente des Allemands n'existent que dans cet endroit quelque peu touristique.


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À suivre . . . .  

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Reconnaissances

Je souhaiterais de remercier Peggy Trout, une fille d'Edmund, pour son soutien continu et pour son encouragement tout au long de mon travail avec Edmund sur le blog pendant les dernières années de sa vie.


Mes amies du Québec, Jeanne d'Arc Leblanc et Cécile Leblanc, dont la grand-mère et mon arrière-grand-père étaient sœur et frère, et Suzanne Demers, vice-présidente de l'Association des Familles Demers, ont aimablement donné des heures de leur temps pour m'aider améliorer le texte français. Merci bien à toutes!
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